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une fontaine ombragée par des palmiers, une chapelle et une trentaine de maisons, voilà ce qui reste de ce village autrefois considérable, et ruiné par l’épuisement des mines d’or.

Plus l’on approche d’Ouropreto, et plus la nature devient sauvage ; le sol, généralement rocailleux, prend la teinte rougeâtre de l’oxide de fer, la nature n’a pas cependant le caractère de tristesse et de sévérité que je croyais y trouver. Tantôt suivant le cours d’un torrent, tantôt gravissant une colline, on oublie aisément la stérilité du pays en admirant la vigoureuse végétation du bord des rivières. Un peu avant d’arriver à Ouropreto, on aperçoit l’Ita-Columni, immense bloc élevé de dix-huit cents mètres au-dessus du niveau de la mer. L’Ita-Columni est une des montagnes les plus remarquables du Brésil. Ce bloc énorme, imparfaitement exploré, renferme, dit-on, des diamans ; le sable entraîné par les pluies fournit toujours de l’or, quoiqu’en moins grande quantité qu’autrefois. Tout indique donc que cette montagne contient des veines riches et abondantes bien que les travaux entrepris jusqu’à ce jour aient été infructueux.

Enfin j’atteignis Ouropreto ou Villa-Rica où je comptais m’arrêter avant de continuer mon voyage dans le Brésil. Ouropreto occupe le fond d’un vallon resserré entre de hautes montagnes. On n’aperçoit la ville, du moins par la route que je suivais, qu’au moment d’y entrer. L’aspect de cet amas de maisons, perdu au milieu des montagnes, offre peu d’attraits ; les églises et le palais de la présidence sont les seuls monumens qui se détachent sur la masse confuse des habitations. Ouropreto étant bâtie sur deux collines, au pied de la montagne du même nom, le terrain y présente partout des pentes que les chevaux gravissent péniblement ; les maisons sont en pierres, la plupart à deux étages ; beaucoup tombent en ruines, car la population s’éloigne d’une capitale dont le climat offre peu d’agrémens. Un voyageur a calculé qu’il pleuvait à Ouropreto deux cent soixante jours dans l’année. A en croire les habitans, il n’y a pas de matinée sans un brouillard plus ou moins épais. Je pus reconnaître l’exactitude de ces renseignemens, car, venu de Rio à Ouropreto, dans l’espace de douze jours, par un temps constamment sec, je fus surpris par la pluie le lendemain même de mon arrivée à Ouropreto, et tant que dura mon séjour, je ne pus sortir qu’à de longs intervalles. La position d’Ouropreto, au milieu des montagnes, explique ces pluies continuelles. La température y est d’ailleurs assez douce. Quelques faibles gelées le matin sont les seuls indices de l’hiver.

Le séjour d’Ouropreto offre, sinon de grandes distractions, au moins