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qui mit fin au règne de don Pedro, d’abandonner le monopole des diamans, le gouvernement laissa tous les travaux inachevés, et la population des districts voisins se porta avec empressement sur le théâtre d’une exploitation qui promettait de devenir productive. Ainsi fut fondé, en 1833 et 1834, l’arroial du Grand-Mogol. Lorsque je visitai le district, en janvier 1843, ce village comptait déjà près de deux cents maisons. On avait commencé la construction d’une église. La population est composée en grande partie d’aventuriers, de spéculateurs, qui, venus là de tous les points du Brésil dans l’espoir de faire fortune, mènent en attendant une vie misérable. Les richesses si péniblement recueillies sont en effet à peu près inutiles à l’arroial : on n’obtient, en échange des diamans, que les objets de première nécessité, sans pouvoir à aucun prix se procurer les jouissances même les plus ordinaires. L’absence de toute communication, le danger qu’offrent les routes, où l’on est trop souvent dévalisé, détournent les caravanes d’entreprendre le voyage de Diamantina à la serra.

On comprend que les relations sociales n’offrent aucun charme au sein de l’étrange population du Grand-Mogol. Ces hommes vivent tous avec des maîtresses qu’ils soustraient soigneusement aux regards de l’étranger. Ils n’ont aucune instruction, et c’est en vain qu’on voudrait tirer de leur torpeur ces ames assoupies. On ne connaît dans l’arroial qu’un seul sujet de conversation : c’est le prix des diamans trouvés dans la semaine. L’aspect des maisons n’est pas moins triste que l’intérieur. De tous côtés, l’on n’aperçoit que des cabanes en bois ; on remarque à peine quatre maisons à deux étages ; les croisées manquent de vitres. Pour construire les murs, il a fallu apporter la terre d’une lieue de distance. Il en est de même pour quelques pauvres jardins où croît le bananier. Ce n’est qu’en couvrant les rochers de terre amassée avec effort, qu’on a pu obtenir une végétation imparfaite. Le Ribeiron, petit torrent sur les bords duquel la ville se prolonge depuis le pied de la montagne jusqu’à l’Itacambirason, charrie un sable très fin qu’on recueille avec soin. On conçoit, du reste, que, depuis dix ans qu’on travaille, les diamans que contenait ce torrent soient devenus plus rares. Il a fallu chercher d’autres terrains encore vierges d’exploration. Je parcourus les environs de l’arroial : plusieurs exploitations voisines ont produit de beaux résultats. Je m’arrêtai quelques instans à l'aldea de Muidos, qui doit son nom à la petitesse des diamans qu’on y a recueillis. Je visitai Coitès, exploitation commencée en 1840 seulement, et dont les diamans ont déjà rapporté 600,000 francs. Environ deux cents esclaves sont employés aux travaux ; ils dépendent de vingt