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varient aussi nécessairement. J’ai recueilli plus de vingt pierres différentes dont l’abondance dans le cascalho était considérée comme un indice de richesse. Parmi ces pierres, la fava preta (fève noire) était signalée comme accompagnant le diamant dans tous les terrains où il se trouve sur les bords du Jequitinonha.

Le lavage du cascalho exige une suite d’opérations qu’il est bon de faire connaître. La première consiste à exposer le cascalho à un fort courant d’eau, le sable est précipité sur un tamis en fer qui, mis en mouvement par un esclave, arrête les gros cailloux ; le sable et les diamans sont entraînés. La seconde opération est moins simple, on place le sable dégagé des cailloux dans des cadres en bois fermés de trois côtés. Un nègre, tenant une grande écuelle de bois nommée batea, est placé du côté qui reste ouvert, et arrose continuellement le cascalho. L’eau, tombant avec force, enlève les petits cailloux, et, après une heure de travail, il ne reste plus qu’une faible quantité de cascalho, à peine le vingtième de ce qui avait été apporté pour remplir les cadres. La troisième et dernière opération consiste dans le lavage à la batea du sable précieux. Huit nègres se placent dans l’eau, chacun prend quatre à cinq livres de cascalho dans son écuelle, et l’agite en lui imprimant un mouvement circulaire. Renouvelant à chaque instant l’eau du lavage, il retire tous les cailloux sans valeur. Enfin le diamant apparaît, et sa cristallisation parfaite le fait reconnaître. Les nègres me montrèrent plusieurs fois des diamans dans leur batea, et j’avoue que, malgré ma bonne volonté, j’avais une peine infinie à les distinguer ; il faut que les diamans soient très gros pour qu’on puisse les apercevoir pendant la seconde opération. Ce n’est généralement qu’à la troisième qu’on parvient à les trouver. J’assistai à une opération de lavage qui dura deux heures ; huit nègres y étaient employés. Cette opération produisit sept diamans d’une valeur de 160 francs et une quantité d’or estimée 30 francs. Le cascalho était pauvre, et le propriétaire me parut mécontent du résultat obtenu. Des surveillans assistent à toutes les opérations. Aujourd’hui, du reste, les nègres sont traités avec moins de sévérité, et les vols ne sont peut-être pas aussi nombreux que du temps où l’exploitation était conduite par le gouvernement.

L’or et les diamans ne se trouvent pas seulement dans le lit du Jequitinonha : de récentes découvertes prouvent que les montagnes qui s’étendent de cette rivière jusqu’au San-Francisco renferment aussi des veines très fécondes. Un des affluens du San-Francisco, le Coëthe, a depuis long-temps été reconnu comme fort riche ; mais des