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quelque sorte les distances. Je n’ai jamais pu parcourir une lieue du pays en moins d’une heure et demie. La capitale du district diamantin est située sur le penchant d’une montagne ; on y arrive à travers des terrains arides et recouverts de grès sablonneux. Les maisons, basses et de construction irrégulière, ont néanmoins un air d’élégance et de propreté qui surprend le voyageur habitué aux tristes aspects des cités brésiliennes. Aucun monument remarquable ne s’élève dans la ville ; les églises ne se distinguent ni par le luxe intérieur ni par l’architecture ; un marché mal tenu, dont le centre est occupé par un vaste hangar, est fréquenté par les nègres, qui viennent y débiter, chaque matin, le grain et les fourrages destinés à nourrir les chevaux. La nourriture d’un cheval coûte 3 francs par jour à Diamantina ; on peut juger, par cet exemple, de la cherté des autres denrées. La stérilité du sol oblige les habitans à tirer leurs provisions de fermes éloignées ; quant aux objets de luxe, ils viennent tous de Rio-Janeiro.

La société qui habite cette petite ville se distingue par la douceur et la cordialité qui règne dans ses relations avec les étrangers. Les habitans n’ont, il est vrai, que de bien rares occasions d’exercer leur hospitalité, car peu de voyageurs se dirigent vers cette partie du Brésil. Ce qui plaît dans leur accueil, c’est la franchise, la simplicité, l’abandon, qualités peu communes assurément dans le pays. Répondant sans embarras aux questions que vous leur adressez, ils cherchent avec empressement à vous être utiles : les femmes elles-mêmes secouent le joug de cette contrainte qui les rend, dans la plupart des autres villes, à peu près inabordables pour l’étranger. Elles prennent part à la conversation, et, si ce n’était ce désagréable accent portugais qui enlève tant de charme aux plus aimables causeries, on pourrait se croire, non plus au Brésil, mais dans une colonie d’Espagnols qui auraient gardé sans altération les manières affables de la mère-patrie.

On rencontre, aux environs de la ville, plusieurs lavras (lavages) d’or et de diamans. Je visitai successivement ceux de Vassoieras, du Mato, de Guinda et de Bromalinho ; j’étais curieux de connaître par moi-même les ressources qu’offre aujourd’hui cette branche si importante de l’exploitation du sol brésilien. Grace à l’obligeance des propriétaires de lavras, je pus recueillir des notions précises et complètes sur les difficultés que présente l’extraction des diamans. Il y a dans cette recherche beaucoup de hasard. On emploie divers procédés pour recueillir le cascalho (sable qui enveloppe l’or et les diamans). A Vassoieras, un puits a été creusé dans le milieu du Jequitinonha, dont on a détourné les eaux au moyen d’un barrage. Le cascalho ainsi