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l’entretien de ces routes qui ne sont pas entretenues. On paie trente reis (dix centimes) par lieue de route. Ce péage est un impôt assez onéreux pour les caravanes chargées de marchandises ; les routes sur lesquelles il a été établi, n’étant pas encore achevées, sont souvent plus mauvaises que les chemins entièrement abandonnés, les terres fraîchement remuées manquent de la solidité nécessaire, et les pluies entraînent des portions souvent considérables de terrain, sans que les autorités s’occupent de remédier aux dégâts Une route doit être construite de Parahyba, petite ville de la province, à Ouropreto ; à l’époque de mon arrivée au Brésil, les travaux étaient commencés depuis huit ans ; il n’y avait encore que seize lieues achevées, c’est-à-dire dont le nivellement fut terminé Les premières lieues avaient coûté cinquante mille francs : plus tard les employés et les ingénieurs s’étaient entendus pour faire porter la valeur de la lieue de route de cent à cent vingt mille francs. Les ponts et les chaussées de cette route avaient été détruits en partie par les pluies d’hiver, les autres étaient en voie de construction. Il est douteux que cette route, qui coûtera des millions, rende les communications plus faciles, il eût fallu des études préliminaires qui n’ont pas été faites, un plan général aurait rendu la route plus directe ; on s’est borné à suivre les détours de l’ancien chemin ; plus de vingt ans se passeront avant que cette route soit achevée, quoiqu’il n’y ait que des nivellemens à exécuter pour rendre les pentes moins rapides. Ce seul exemple fera juger de ce que sont les travaux publics au Brésil.

La culture est réduite, comme l’entretien des routes, aux plus simples procédés. On se borne à brûler les bois, puis à semer du maïs ou à planter du café sur l’emplacement qu’on s’est ainsi ménagé. Lorsque la terre devient improductive, loin de chercher à suppléer par des engrais à l’épuisement du sol, on abandonne le terrain, qui bientôt se recouvre de nouveaux bois, mais chétifs et peu vigoureux ; vingt ans plus tard, ces bois seront encore détruits, et les terres livrées de nouveau à la culture. Les belles forêts vierges du Brésil disparaissent peu à peu, surtout près des lieux où l’exploitation devient avantageuse ; des arbres immenses sont abattus, brûlés sur place par des propriétaires qui renouvellent ainsi leurs terrains de culture.

Je passai près de nombreuses vendas, ou cabarets-auberges qui consistent en une maison d’habitation et un hangar destiné à mettre à l’abri les charges des mulets. J’arrivai ensuite dans un charmant vallon où est établie la fabrique de poudre du gouvernement ; plusieurs ruisseaux d’une eau limpide se croisent en tous sens et entretiennent dans