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marine, et de lui offrir l’appui d’agens consulaires avant même que le besoin s’en fasse sentir. Ces agens doivent avoir double mission, celle de protéger les nationaux, celle de s’informer des plaintes que leur manière de trafiquer pourrait exciter. Il n’y a personne qui ne sache qu’au retour d’une expédition lointaine, si un article d’exportation a réussi, le pacotilleur ne manque pas, en faisant une nouvelle commande, de dire au fabricant qu’il entend avoir quelque chose de plus avantageux, c’est-à-dire qu’en amoindrissant la qualité et le prix on sauve l’apparence. L’article ainsi amoindri est porté au consommateur comme étant d’une valeur identique et n’est reconnu que par l’usage. Les marchandises françaises vont ainsi en se discréditant, et notre renommée se perd sans retour.

Le système commercial de la France dans ses rapports avec l’étranger se rattache à quatre ou à cinq de nos départemens ministériels. Les affaires étrangères règlent la diplomatie, nomment les consuls et les agens de qui nos négocians devront réclamer aide et protection ; la marine suit sur toutes les mers notre navigation marchande pour la soutenir et la défendre, et elle a la nomination des autorités des colonies ; les finances, gardiennes des intérêts du trésor, entendent être écoutées dans toutes les questions de taxes et de tarifs. Enfin, arrive ce que nous appelons le ministère de l’agriculture et du commerce, qui demande à chacun des autres les renseignemens et les informations qui ne lui parviennent ainsi que par voie indirecte. Limité dans sa juridiction, plus limité encore dans ses moyens d’agir, il ne touche par lui-même presque à rien d’important, et émet seulement des opinions sans pouvoir les faire prévaloir. Les idées d’assimilation et de centralisation, qui nous préoccupent plus que le résultat même de l’action gouvernementale, ont ainsi réglé les choses de l’administration, qu’un ministre demande un travail à un directeur, qui le demande à un chef de bureau, qui parfois transmet la demande à un autre employé. Le rapport remonte par la même voie accompagné de notes successives, refondu s’il y a lieu dans son cours, mais sans être jamais le produit d’une discussion, sérieuse, car tout s’est passé entre le supérieur et l’inférieur. Au-dessous du ministre, chaque homme est un rouage et se garde bien de sortir de son engrenage, car la hiérarchie en serait affectée. Que peut-on attendre.le sérieux, de grand, de suivi, d’une semblable organisation pour la prospérité commerciale du pays ? Où se trouveront les traditions, le souvenir des entreprises dès long-temps conçues et méditées, enfin le plan d’ensemble qui doit guider même les successeurs que la politique