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certes mieux que le prix de l’objet produit soit plus élevé, quand quelque désavantage devrait en résulter, et ne pas voir dans notre patrie s’établir la misère et l’avilissement des ouvriers, tels qu’on peut les trouver dans des contrées voisines. Mais la main-d’œuvre n’est pas le seul élément de la production ; les machines et les métiers nécessaires, les agens moteurs qui déjà ont exigé l’emploi de machines-outils antérieurs, sont trop chers en France, et nos progrès sont loin de répondre à nos besoins.


II

L’exposition nous a révélé des progrès immenses dans la fabrication des machines-outils, destinées à servir de générateurs aux métiers employés plus immédiatement aux fabrications. Pourquoi ces améliorations ont-elles tant tardé, pourquoi ne sont-elles pas plus générales et plus importantes ? C’est là certainement une grave question. Pendant long-temps on ne fondait pas de manufactures, parce que l’on manquait de mécaniciens pour les établir à un prix modéré ; d’un autre côté, il fallait enfouir de tels capitaux dans la création des ateliers de mécanique que des demandes faibles et incertaines ne suffisaient pas à en provoquer l’établissement. Modèles, ouvriers, matériel, que de choses à rassembler avant d’être prêt pour la moindre commande ! À ces difficultés venaient se joindre la rareté des métaux secondaires dont la nature nous a si pauvrement dotés, le haut prix comparé de la fonte et du fer, le défaut ou le manque de nos voies de communication pour le transport des combustibles ; il a fallu surmonter tout cela, et, aujourd’hui que la situation s’est améliorée, on ne pourra refuser son admiration aux hommes courageux qui se sont mis en mesure d’aider les autres industries. Espérons que, le mouvement enfin établi, nous pourrons monter des manufactures, puisque nous possédons des mécaniciens à même de répondre à leurs besoins, et que ces derniers auront des travaux assurés par le développement de l’esprit d’industrie.

Le fer et le combustible sont les élémens premiers de toute industrie. Il faut, pour que nous puissions lutter avec l’étranger, que le fer soit abondant et partout à bas prix, et c’est à cette situation que les actes, non l’intention du gouvernement, ont été constamment défavorables. On a, il est vrai, protégé par un tarif élevé la production française contre l’importation étrangère, et il en est résulté un mouvement