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passé sans contrôle, tels furent le double mérite du professeur et le caractère de ses leçons.

Les cours publics de M. Rossi, en donnant la mesure de son savoir, devaient naturellement lui ouvrir les portes de l’Institut. Il y entra en 1836, lorsque la mort de Sieyes eut laissé un siége vacant à l’Académie des sciences morales et politiques, dans la section d’économie politique et de statistique. Il n’eut pas, à proprement dire, de concurrent. Sur 22 votans, il réunit 21 suffrages. Quoiqu’il existât un peu de froideur entre lui et M. Charles Comte, secrétaire perpétuel, ce fut pourtant ce dernier qui lui fit donner l’avis de se mettre sur les rangs, et, au jour de l’élection, M. Comte, alors presque mourant, se fit porter à l’Institut pour y déposer son bulletin en faveur de M. Rossi, qui s’en montra vivement touché. À peine admis, le nouvel académicien prit une part active aux travaux du corps, le présida en 1840 et y fit plusieurs lectures, dont la plus importante est un travail sur les rapports de notre droit civil avec l’économie nationale. Ce n’est là toutefois qu’une esquisse et le germe d’une idée qui appellerait de nouveaux développemens. Un travail plus essentiel a empêché M. Rossi de s’y livrer. Une ordonnance royale ayant chargé l’Académie des sciences morales et politiques de publier l’histoire de ces sciences en France depuis 1789, et cela pour compléter le travail que l’institut avait entrepris par ordre de Napoléon, M. Rossi a été nommé rapporteur pour l’économie politique et la statistique. Toute grave quelle est, cette tâche ne forme à ses yeux qu’une partie d’une entreprise plus considérable où il compte embrasser l’économie politique soit dans le monde ancien, soit dans le monde moderne.

Il est à craindre pourtant que cette idée, ainsi qu’une foule d’autres émises et quittées par M. Rossi, ne demeure à l’état de projet et d’embryon. Le compte de l’arriéré est facile à faire. Voici d’abord la théorie des principes dirigeans en législation, puis l’examen des rapports du droit civil avec l’économie nationale, qui attendent des commentaires Ce n’est pas tout : le Traité du droit pénal appelle un complément indispensable dans l’analyse des diverses catégories de crimes et les principes de l’instruction criminelle. Quant au Cours d’économie politique, il n’embrasse que la moitié de la science, la formation des richesses ; l’autre moitié, qui en expose la distribution, est encore à publier. En outre, l’Académie compte sur un rapport constatant les progrès des sciences morales et politiques depuis 1789, et l’auteur n’envisage cette tache que comme un simple extrait d’une