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en Grèce, tout cela est terminé, résolu. A l’intérieur, tout ce que le ministère a commencé est fini, ou marche sans obstacles. Tous les projets de loi présentés dans cette session par M. Guizot et ses collègues ont été votés comme ils le désiraient, témoin les projets de chemin de fer entièrement remaniés par la majorité, témoin aussi ce projet de l’instruction, secondaire si gravement amendé par la noble chambre au milieu des désappointemens cruels de M. Villemain, des joies secrètes de M. le ministre des cultes, et de la sublime indifférence de M. Guizot ! Voilà de ces succès qui montrent dans tout leur jour la science du gouvernement. Et l’article du Moniteur sur la dotation, quelle habileté ! quel heureux moyen imaginé pour terminer une affaire ! Soyez donc surpris qu’au milieu de tous ces triomphes de sa politique M. Guizot ait rencontré deux ou trois admirateurs anonymes qui l’ont fait graver en empereur romain !

Nous ne ferons qu’indiquer en très peu de mots la situation de quelques gouvernemens étrangers. En Espagne, la question électorale préoccupe vivement les esprits. Déjà, des réunions préparatoires ont eu lieu. Les exécutions sanglantes de Sarragosse ont produit dans le pays une impression pénible. La reine retournera à Madrid dans les premiers jours du mois d’août. La solution de toutes les difficultés politiques est ajournée à la réunion des cortès. Il en est de même en Grèce, où l’influence française paraît devoir se rétablir par la chute probable de Mavrocordato. En Orient, les représentans de la France et de l’Angleterre agissent de concert près du divan pour obtenir des indemnités en faveur des familles chrétiennes que les Albanais ont décimées, et pillées. La Porte consent, mais elle voudrait que les Albanais payassent les indemnités. Comment parviendra-t-elle à les y contraindre ? — Dans le Nord, la question qui domine est la réforme de la constitution de la Suède. Les troubles survenus dans les districts manufacturiers de la Bohème sont calmés. La tranquillité est rétablie dans la ville de Prague ; mais à Berlin, un attentat commis sur la personne du roi de Prusse vient de jeter tout à coup la consternation dans les esprits. L’assassin a été arrêté et a fait l’aveu de son crime, qui paraît n’avoir aucune cause politique.

Les débats du parlement anglais appellent en ce moment toute notre attention. Le langage qu’on y tient sur la France est généralement mesuré. On semble éviter avec soin toute parole irritante qui pourrait compliquer les difficultés que présente pour l’Angleterre notre situation devant le Maroc. Néanmoins, sur le fond des questions, les dispositions restent les mêmes. Un discours de lord Palmerston, à la chambre des communes, a remis sur le tapis l’affaire du droit de visite. Le noble lord se plaint que la traite, au lieu de diminuer, ait pris un nouveau développement. Il reproche au cabinet tory d’avoir fait manquer la ratification du traité 20 décembre, en négligeant de la demander à la France dans les délais voulus. De son côté sir Robert Peel attribue le refus de la France à l’irritation causée par le traité du 15 juillet. Tous deux, néanmoins, reconnaissent que la France veut sincèrement l’abolition de la traite. Ils accusent l’Espagne et le Brésil de ne pas