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universitaire, cet impôt barbare que la chambre a rayé de la loi des recettes malgré les objections présentées par M. Laplagne au nom du cabinet. L’abolition de cet impôt était réclamée par la commission de l’instruction secondaire. Ces deux petits échecs, ajoutés à tant d’autres, ont été pour le cabinet une nouvelle occasion de faire admirer sa vertu dominante, la modestie.

M. Dumon, le plus modeste de nos ministres depuis deux ou trois mois puisque la plupart des défaites essuyées depuis ce temps à la chambre des députés ont été subies par lui, a rencontré dans la chambre des pairs des dispositions plus favorables. Il y a défendu avec succès une bonne cause. Plusieurs projets de chemins de fer, votés au Palais-Bourbon, étaient menacés au Luxembourg par quelques partisans exclusifs de la loi de 1842, adversaires des embranchemens et des lignes qui ne sont pas compris dans le réseau fixé par cette loi. Adoptés à cette époque de la session, les amendemens qu’ils proposaient eussent abouti à un rejet pur et simple. Fort heureusement, cette tentative a échoué devant la sagesse de la pairie, Nous sommes loin d’incriminer les intentions des honorables pairs qui ont voulu ajourner les chemins de Strasbourg, du nord-ouest et du centre, par un scrupule de fidélité à la loi de 1842. Leur sentiment était louable. On ne saurait trop répéter à un pays comme le nôtre que la force du gouvernement réside, avant tout, dans la stabilité des lois. Cependant ajourner d’un seul coup trois grandes lignes pour démontrer la vérité de cet axiome, c’eût été donner au pays une leçon de légalité par trop coûteuse. Nous voulons bien croire, il est vrai, que les propositions d’ajournement s’appuyaient aussi sur d’autres raisons un peu plus solides : la chambre des députés n’avait pas envoyé à la chambre des pairs des plans irréprochables ; mais la majorité de la pairie n’a pas voulu éterniser par des modifications inopportunes la question des tracés. Elle na pas voulu qu’on pût lui reprocher d’avoir frappé de stérilité cette longue session, qui, à tout prendre, sans les chemins de fer, n’eût pas été très fructueuse. Nous félicitons la noble chambre d’avoir pris cette sage résolution, en dépit des efforts assez opiniâtres que l’on a faits pour l’en détourner.

Les journaux du ministère sont triomphans. Voilà enfin la session finie. Pendant cinq mois, ils n’auront plus à enregistrer chaque matin, dans leurs colonnes, une ou deux défaites parlementaires. On reprend courage. La tribune est muette au Palais-Bourbon ; M. Thiers est parti : on attaque M. Thiers. Il faut bien aussi consoler un peu M. Guizot des éloges qu’on s’est permis d’adresser, dans l’intérêt de l’Université, à l’honorable rapporteur de la loi sur l’instruction secondaire. Il y a quinze jours, M. Thiers était un homme prudent, habile, circonspect ; aujourd’hui, C’est un esprit qui s’agite dans le vide, qui se jette étourdiment dans mille affaires à la fois et n’en finit aucune. L’homme d’état par excellence, celui qui termine habilement et heureusement les affaires, C’est M. Guizot. L’affaire du droit de visite, celle de l’exequatur, celle du Maroc, Montevideo, Taïti ; les graves questions que soulèvent les intérêts commerciaux et politiques de la France en Espagne, dans l’Orient,