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cavaliers, ont vu mourir en 1843 leur dernier souverain. Ce royaume possède une population de quatre millions d’ames, et naguère a retenti jusqu’en Europe le cri de rage que ces Mahrattes poussèrent en risquant une dernière bataille contre les troupes de la compagnie. Mais si la confédération du Maharashtra est détruite, le caractère des peuples qui la composaient n’a pas changé ; ils sont demeurés fourbes, astucieux, cruels ; ils n’ont abdiqué aucun des vices de l’Asie. Dans un pays militairement occupé comme l’Inde anglaise, il y a trop peu de rapports entre les vainqueurs et les vaincus, pour que la civilisation puisse adoucir les mœurs sauvages des montagnards. L’empire mahratte a commencé par une trahison, c’est par une trahison qu’a fini l’état de l’ouest, dont le siége était à Poonah. Le dernier pechwa osa conspirer en face d’un résident, et peut-être eût-il réussi dans ses projets, s’il n’eût eu devant lui un homme aussi éminent que lord Elphinstone. Le radja Pertab-Singh, rétabli par les Anglais sur le petit trône de Sattarab, s’en précipita lui-même en 1839, pour avoir rêvé un soulèvement chimérique. Ces évènemens font voir quelle résistance la compagnie peut trouver encore dans ces populations divisées, qui ne connaissent que la ruse et la force, pour lesquelles toute idée d’organisation se borne à celle d’une levée en masse, d’une invasion, d’un pillage. Les Mahrattes occidentaux, qu’on rencontre sur les chemins, toujours armés, ont l’air de soldats le lendemain d’une bataille ; on dirait une armée licenciée, des troupes en déroute qui cherchent un chef.


THÉODORE PAVIE.