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contre, il arrive à cette conclusion peu précise que, dans certaines éventualités (in certain emergencies), il agirait d’une façon, et suivrait une tout autre, conduite dans d’autres circonstances. Au milieu des mille détours et de tous les ambages de ce long verbiage équivoque, on finit par entrevoir que M. Van Buren est opposé à l’annexation immédiate ; mais il pense que l’état des choses peut facilement changer, au point d’affaiblir et peut-être de détruire entièrement toutes les objections (perhaps obviate entirely all objections to it). La principale de ces objections, c’est que l’annexation entraînerait une guerre avec le Mexique, et pourrait jeter la perturbation dans les rapports des États-Unis avec les nations étrangères. Quant à la légitimité constitutionnelle de la mesure, elle ne fait pas pour lui l’ombre d’un doute, « s’il n’y a rien dans la situation ou la condition du territoire du Texas qui puisse rendre désavantageuse son admission ultérieure dans l’Union comme un nouvel état. » Remarquez encore ce mot de territoire, qui est une concession faite à ceux qui regardent déjà le Texas comme une partie de l’Union. M. Van Buren ajoute que, s’il venait à être chargé de la lourde responsabilité de la présidence, et si la question se présentait alors, il l’aborderait avec un sincère désir de lui donner la solution qu’il croirait la plus propre à activer et à assurer le bonheur du pays tout entier. Il croit, en somme, que la question aurait besoin d’être soumise au peuple ; et si le peuple se déclarait pour l’annexation, et que lui-même devînt président, il croirait alors de son devoir d’accomplir la mesure. Rien n’est moins clair, comme on voit, que les six colonnes où M. Van Buren développe ou plutôt enveloppe son opinion. Les adversaires de la mesure trouveront qu’il est beaucoup trop disposé à céder, et son système dilatoire, qui ne repose que sur les motifs allégués avant lui par M. Clay, ne satisfera nullement l’impatience des gens du sud ni les détenteurs des fonds texiens, quelque part qu’ils se trouvent, qui ont intérêt à voir la dette du Texas mise à la charge des États-Unis. M. Van Buren ne contentera ni l’une ni l’autre section de son parti, et s’il conserve ses amis du nord, ceux du sud l’abandonneront pour M. Calhoun ou M. Tyler.

M. Clay est à peu près dans la même position que M. Van Buren. Se déclarer pour l’annexation, c’est perdre l’appui du nord, et ruiner ses propres espérances ; c’est bien plus encore, car M. Clay sacrifierait ses espérances à ses principes, c’est rompre avec son propre parti. D’un autre côté, M. Clay ne peut pas condamner l’annexation en principe et \u2018la repousser absolument, parce qu’il n’est point, assez fort pour se passer de l’appui du Tenessee et du Kentucky, où il compte ses partisans