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de ses institutions domestiques, et d’en faire une des conditions de la reconnaissance d’indépendance. »

Après cette allusion détournée à l’existence de l’esclavage au Texas, le président récapitule les motifs qui ont déterminé sa conduite, et il insiste encore sur ce point, que les États-Unis n’ont d’autre alternative que d’accepter le Texas, ou de le voir se jeter dans les bras d’une autre puissance, c’est-à-dire de l’Angleterre. Quant au passage que nous venons de citer, ce qui le rend remarquable, ce sont les allusions qu’il contient à une dépêche de lord Aberdeen. A la fin de l’année dernière, le bruit se répandit que l’Angleterre cherchait à acquérir le Texas, et le prédécesseur de M. Calhoun, M. Upshur, crut devoir demander à ce sujet des explications au ministre anglais, M. Pakenham, qui lui transmit en réponse une note datée du 26 décembre 1843, dont voici les points principaux : « … La Grande-Bretagne a reconnu l’indépendance du Texas, et par suite elle désire voir cette indépendance définitivement et formellement reconnue, surtout par le Mexique… Nous sommes convaincus que la reconnaissance du Texas par le Mexique tournera à l’avantage des deux pays, et comme nous prenons intérêt à la prospérité de tous deux, et à leur rapide accroissement en puissance et en richesse, nous avons été des premiers à presser le gouvernement mexicain de reconnaître l’indépendance du Texas. Quant au Texas, nous avouons notre désir d’y voir l’esclavage aboli comme partout ailleurs, et nous serions heureux si la reconnaissance de ce pays par le Mexique était accompagnée d’un engagement pris par le Texas d’abolir l’esclavage à tout évènement, et à des conditions convenables, dans toute l’étendue de la république ; mais quoique nous ayons le désir ardent, et que nous regardions comme un devoir de provoquer un semblable résultat, nous n’irons pas, contre tout droit, et par une usurpation déplacée d’influence, intervenir auprès d’aucune des deux parties pour assurer l’adoption d’un pareil plan. Nous conseillerons, mais nous ne chercherons ni à contraindre ni à contrôler, contre tout droit, la conduite d’aucune des deux parties… La Grande-Bretagne ne désire exercer sur le Texas qu’une influence égale à celle de toutes les autres nations. Ses vues se bornent au commerce, elle n’a ni la pensée ni l’intention de chercher à agir directement ou indirectement, dans un but politique, sur les États-Unis au moyen du Texas. La Grande-Bretagne, comme les États-Unis le savent bien, n’a jamais cherché à jeter des germes de désaffection ni de révolte dans les états à esclaves de l’Union… Nous resterons fidèles à cette sage et juste politique, et les gouvernemens des états à esclaves peuvent être certains