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pour les états du sud une tendance irrésistible à se saisir du Texas, et c’est pourquoi, depuis long-temps déjà, les hommes d’état américains ont pensé à donner, par l’acquisition du Texas, un débouché au trop plein de population des états à grande culture.

Le Texas était autrefois compris dans l’immense étendue de terrain dont la France réclamait la propriété sous le nom de Louisiane ; car du reste il n’y eut jamais de délimitation de territoire entre les possessions espagnoles et françaises. Lorsque la France vendit la Louisiane à l’Union, elle lui transmit donc les droits qu’elle pouvait avoir sur tout ou partie du Texas actuel, et les États-Unis prétendirent étendre leur frontière jusqu’au Rio del Norte ; l’Espagne au contraire protestait contre ce qu’elle appelait un empiétement, et voulait resserrer la Louisiane dans des limites bien plus étroites. Aussi, lorsqu’elle vendit les Florides à l’Union, y eut-il transaction ; l’union recula du Rio del Norte à la Sabine, et céda formellement à l’Espagne tout le pays à l’ouest de cette rivière, qui fut prise comme limite. Il est à remarquer que M. Clay (et c’est lui-même qui rappelle ce fait dans la lettre qu’il vient d’adresser à ses commettans) combattit inutilement dans le sénat le traité d’acquisition des Florides, sur ce motif qu’on sacrifiait ainsi le Texas, qui avait une bien plus grande valeur. Si M. Clay n’avait point trouvé d’appui dans le sénat lorsqu’en 1819 il insistait sur l’importance du Texas, au bout de dix ans les opinions avaient bien changé, et les états du sud cherchaient déjà de quel côté diriger le surcroît de leur population. Dès 1828, sous la présidence de M. Adams, M. Clay ; ministre des affaires étrangères, chargea l’envoyé américain à Mexico de proposer l’achat du Texas ; mais c’est à peine si ce diplomate fit quelques ouvertures à ce sujet, certain qu’il était d’un refus. En effet, la constitution de l’union mexicaine ne permettait pas plus au gouvernement central d’aliéner le Texas que celle de États-Unis ne permet au congrès d’aliéner le Maine ou la Virginie. Le gouvernement américain qui n’avait peut-être voulu donner qu’une satisfaction illusoire aux états du sud, n’insista pas, et l’affaire en resta là. Cependant, lorsque l’Anglo-Américain a une fois jeté les yeux sur une proie, il est bien difficile de le distraire de l’objet de sa convoitise : les planteurs du sud insistèrent avec leur ardeur et leur emportement habituels et, en mai 1829, on vit arriver au pouvoir, avec le général Jackson, une administration toute dévouée aux intérêts du sud. Dès le mois d’août, M. Van Buren, ministre des affaires étrangères, écrivait à M. Poinsett, ministre à Mexico, que le président voulait qu’ouvrît sans délai des négociations pour l’achat du Texas, et tandis que