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une mine féconde, ont fait le tableau le plus exagéré des avantages naturels du sol et du climat ; mais il est certain que c’est un pays riche et fertile, et entre les mains de la race active et industrieuse qui peuple l’Amérique, il peut parvenir à la plus grande prospérité. Jusqu’à l’arrivée des émigrans des États-Unis, il n’avait pour habitans que quelques tribus errantes d’indiens, les Waccos, les Tawackannies, les Caddos, les Tankaways, les Lepans, que les Américains n’ont pas tardé à détruire, et quelques colons mexicains. Aussi était-il resté presque entièrement inculte : aux uns manquait le désir, aux autres les moyens de tirer parti des avantages naturels du sol. Quiconque connaît l’esprit envahissant des Anglo-Américains comprendra sans peine qu’une contrée comme le Texas, bornée par deux des états de l’Union, médiocrement peuplée et offrant une perspective si flatteuse à l’industrie commerciale et agricole, devait être pour ses voisins un sujet de tentation irrésistible ; mais bientôt l’intérêt même des états du sud leur fit une nécessité de l’acquisition du Texas.

On sait que l’Union se divise en deux grandes sections, les états libres et les états à esclaves, les premiers commerçans et manufacturiers, et situés au nord, les autres concentrés au sud, adonnés à la culture du tabac, du riz et du coton, et défendant le principe même de l’esclavage, parce que sous leur climat la trop grande chaleur et la nature même de leurs cultures ne permettent pas aux blancs de travailler la terre. Les états libres se sont accrus avec bien plus de rapidité que les états à esclaves ; ils couvrent aujourd’hui une bien plus vaste étendue de terrain, et ils ont enfermé leurs rivaux dans un cercle presque sans issue. Depuis l’acquisition de la Louisiane et des Florides, les états du sud sont acculés à la mer, et trois états libres, l’Ohio, l’Indiana, l’Illinois, ont fermé passage aux planteurs du Kentucky et du Tennessee ; les hommes du sud n’ont plus de débouchés que par deux états du milieu, le Missouri et l’Arkansas. Mais les planteurs de l’Arkansas sont arrivés déjà au pied des montagnes Rocheuses, et toute cette partie de l’Amérique, infiniment plus élevée que les côtes, exposée à des hivers bien plus rigoureux, et avec une température moyenne bien plus basse, n’est pas très favorable à la culture du tabac, et surtout du coton. Au contraire, au sud de l’Arkansas, à l’ouest de la Louisiane, s’étend le Texas, qui, par son sol et son climat, semble appeler les planteurs, et leur offre un débouché d’autant plus nécessaire, que les terres épuisées de la Virginie et du Kentucky sont désertées de jour en jour, et que la population s’accumule dans les états situés plus au sud. De ce besoin, chaque jour plus pressant, est résultée