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nante encore, cinquante, ans après, elle devenait l’ame d’une coalition qui parvint à renverser es desseins de Louis XIV, qu’on accusait aussi d’aspirer à la monarchie universelle.

Que la Hollande se rassure donc. La France ne réussirait point où l’Espagne de Charles-Quint a échoué. Une seule puissance jalouse sa nouvelle marine, pourtant si faible encore, convoite son île admirable de Java : c’est l’Angleterre. Alliée ou ennemie de cette puissance, le même danger la menace. Le plus sûr moyen pour elle de détourner ce danger, est d’être fidèle à son ancienne politique, de se jeter du côté où est la résistance, de s’opposer, dans la mesure de ses forces, à l’empire de la mer, comme elle s’est opposée autrefois à la souveraineté du continent. Vis-à-vis d’un ennemi naturel à qui son intérêt ne permet ni la justice ni la pitié, il n’y a de salut que dans la lutte.



DU RENOUVELLEMENT
DE LA CHARTE DE LA BANQUE D’ANGLETERRE.


La discussion au sein du parlement anglais, sur le renouvellement de la charte de la banque d’Angleterre, avait pris, dès le premier jour, un intérêt immense, grace à la parole lucide de sir Robert Peel. On ne s’étonnera donc pas que, de ce côté-ci du détroit, on se soit préoccupé d’une question dont la solution peut affecter, plus ou moins directement, les intérêts matériels de tous les états. La banque d’Angleterre, on le sait, par les ressources inépuisables dont elle dispose, exerce une influence presque sans bornes dans la circulation. De tous les établissemens de même nature élevés sur les différens points du globe, aucun ne s’est aussi profondément avancé dans la sphère des transactions commerciales et financières ; aucun n’y a acquis cette prépondérance qui, s’augmentant de jour en jour, devient de plus en plus inébranlable.

C’est donc avec anxiété qu’on a suivi le développement des vues de sir Robert Peel sur les principes qui devaient présider à la révision de la charte de la banque. On ne savait s’il détruirait le monopole, ou s’il l’agrandirait au profit de cet établissement. De Puissantes considérations semblaient s’élever de tous côtés et avec une égale force, les unes pour abattre, les autres pour étendre les privilèges nombreux et immenses dont la banque d’Angleterre est en possession. Mais au milieu de cette lutte sir Robert Peel, tout en donnant satisfaction à quelques intérêts froissés et en soumettant à des modifications fondamentales la constitution de la banque, a paru ne se préoccuper que de la question relative à rémission des billets de banque, ou, pour