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procurerait pas seulement le bien-être matériel, il les mettrait en contact avec la société européenne, avec la civilisation. Le Brésil manque d’une société active, intelligente. Si les étrangers, au lieu de se voir repoussés comme des spoliateurs entourés de haines et de défiances, étaient accueillis avec sympathie, l’émigration européenne, qui trouve aujourd’hui si peu d’encouragement, viendrait à la suite du commerce apporter le travail et l’industrie. La France pourrait nouer avec ce grand pays des relations qui seraient utiles à sa puissance aussi bien qu’à une société digne de notre intérêt. Ainsi renaîtraient peu à peu dans le Brésil l’ordre et la prospérité. Si au contraire on persiste à écarter les Européens, à repousser les produits de nos fabriques, la misère publique et le désordre moral ne feront que s’accroître, nous le répétons. On pourra se demander si le Brésil est destiné à vivre long-temps, comme empire, si l’anarchie d’une république fédérative ne viendra pas remplacer le désordre caché aujourd’hui sous des formes régulières. Le président de la province de Bahia me disait : « Notre indépendance a été obtenue sans combat, sans effusion de sang ; mais, nous le sentons aujourd’hui, une grande séparation ne s’opère jamais impunément, car nous ne pouvons parvenir à nous constituer régulièrement. » Ce sont là de tristes paroles ; Dieu veuille qu’elles ne soient pas une prédiction !