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de bâtimens auxquels on impose des formalités minutieuses. Le commerce se trouve ainsi paralysé, chacun craint de se livrer à des opérations trop incertaines ; les principales maisons ont déjà interrompu leurs relations avec le Brésil, ou témoignent une grande réserve. A l’expiration du traité avec l’Angleterre, en novembre 1844, tous les droits, tant à l’importation qu’à l’exportation, seront, encore augmentés ; le gouvernement brésilien a déjà refusé de signer de nouveaux traités de commerce ; il veut se réserver la faculté d’imposer les marchandises étrangères selon les besoins du pays. Les habitans croient que ces actes de leur gouvernement ne décourageront pas le commerce étranger ; ils partent de ce principe que l’Europe a besoin du Brésil, tandis que le Brésil n’a nul besoin de l’Europe.

La situation financière du Brésil est des plus critiques La dette publique étrangère est de 140 millions de francs portant un intérêt de 5 pour 0/0. Il y a encore une autre dette étrangère résultant des emprunts portugais mis à la charge du Brésil, et dont le capital excède 50 millions. La dette intérieure, portant intérêt à 6, 5 et 4 pour 0/0, est de 75 millions. D’autres dettes intérieures, dont les intérêts ne sont pas fixés, s’élèvent à près de 15 millions. Ainsi, la dette totale du Brésil, tant intérieure qu’extérieure, est de 280 millions de francs. Les difficultés qu’éprouvent les porteurs des obligations brésiliennes pour obtenir, non le paiement des intérêts, mais l’émission seulement de nouveaux titres, ont rendu impossible au gouvernement la négociation d’un nouvel emprunt qu’il voulait contracter. Le papier-monnaie perdant chaque jour de sa valeur nominale, soit par la trop grande émission, soit par la quantité de billets faux qui circulent dans le pays, le Brésil se trouve entraîné vers une banqueroute.

Les révolutions qui éclatent incessamment dans les provinces, en augmentant les dépenses, rendent la perception des impôts presque impossible. Le Brésil se trouve donc obligé de recourir aux droits de douanes pour faire face à tous les déboursés de l’état ; ces droits atteignant par le fait le consommateur et non le négociant, le produit en diminue au lieu d’augmenter en proportion de l’accroissement des tarifs[1]. Les revenus de l’empire du Brésil, pour l’année 1843, étaient évalués à 45,715,000 fr. ; les dépenses, à 66,060,000 fr.

  1. En 1840, après l’augmentation des droits sur les vins et eaux-de-vie, le trésor retira de ces droits 2,751,057 francs ; en 1841, les droits n’ont plus produit que 2,434,000 francs. Cette diminution tendait à s’accroître, par suite du difficile placement des vins et eaux-de-vie de 1838 à 1839. En 1841, il y eut 8,562,000 pipes de vin admises en douane. Depuis ce temps, ce chiffre s’est encore réduit, et on n’a admis que 4,650,000 pipes, les Brésiliens ayant renoncé aux vins de France et de Portugal.