Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 7.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’il y a peu de Brésiliens qui veulent suivre la carrière des armes ; tous préfèrent les professions d’avocat et de juge, plus lucratives et moins pénibles.

L’école militaire, créée en 1831, subit chaque année de nouvelles modifications. Aujourd’hui on parle de changer entièrement l’organisation de cet établissement ; on veut que les officiers qui en sortiront puissent, au bout d’une année d’études, rivaliser avec les élèves des écoles militaires d’Europe. En attendant que ces promesses se réalisent, les officiers que forme l’école militaire du Brésil ne savent rien de leur métier. L’inexpérience des officiers ne se révèle que trop par la mauvaise tenue des troupes dont le commandement leur est confié. En vain appellent-ils les verges à leur aide : ils réussissent rarement à former des soldats capables de manœuvrer avec ensemble. Le recrutement, tel qu’il est organisé, ne donne pas d’ailleurs les élémens d’une armée forte et digne d’un grand pays. Les recruteurs enlèvent tous les hommes valides, mais ils ne se hasardent guère que dans les villes ; les soldats n’oseraient pas pénétrer dans les campagnes, où ils seraient exposés aux vengeances des habitans. Les nouvelles recrues profitent souvent de la première occasion pour regagner leur liberté ; passant d’une province dans une autre, elles se trouvent à l’abri de toutes poursuites, et cet abus doit contribuer à multiplier les désertions.

La marine brésilienne compte un vaisseau, qui n’est pas même en état de prendre la mer, trois frégates, cinq corvettes et six bricks : elle se compose en tout de soixante-seize bâtimens de guerre, y compris les lanches, les cutters et les barques. Le nombre des matelots s’élève à trois mille huit cents, l’état-major compte trois cents officiers ; si l’on observe que, parmi les bâtimens portés sur l’état du ministère de la marine un quart à peine est armé et en état de tenir la mer, on comprendra que ce nombre d’officiers est plus que suffisant. Lorsqu’il fut question d’envoyer à Naples chercher la future impératrice, il fut difficile de compléter l’armement d’une frégate et d’une corvette ; les arsenaux maritimes étaient au dépourvu. D’ailleurs les ouvriers brésiliens manquaient, et il fallut recourir à des Européens. Les Brésiliens ne brillent guère plus comme marins que comme soldats, et leurs meilleurs, ou plutôt leurs seuls matelots, sont Portugais.

Le budget des dépenses de la marine est porté à huit millions. Une frégate qu’on a commencé à construire en 1824 est encore dans les chantiers du Para. Les bois employés à la construction, exposés pendant des années à la chaleur du soleil, se sont déjetés, et il faudrait, pour arriver à une bonne exécution, recommencer les travaux, quoique