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et dans plusieurs d’entre eux, dans le Times principalement, elle avait été examinée avec attention. Deux ans après, soit que les idées de M. de Lavergne aient été connues et adoptées par l’administration anglaise, soit que la réforme qu’il demandait vainement en France soit naturellement sortie, en Angleterre, du mouvement des faits, son projet fut réalisé chez nos voisins, au moins dans sa disposition la plus importante. Le 20 novembre 1840, le droit sur les articles d’argent (money order), transportés en Angleterre par l’administration des postes (post-office), a été réduit, pour les sommes n’excédant pas 2 livres sterling ou 50 francs, à 3 deniers ou 30 centimes environ, et pour les sommes n’excédant pas 5 livres ou 125 francs, à 6 deniers ou 60 centimes. C’est, comme on voit, la réduction à 1/2 pour 100 proposée par M. de Lavergne ; il n’y a de différence que dans le mode de perception.

Or, voit-on que, depuis plus de trois ans, cette réforme ait produit en Angleterre un seul des embarras qu’on avait rêvés en France ? Pas un. Depuis trois ans, le service des money orders s’est fait avec la même aisance qu’auparavant. Seulement le public y a trouvé une immense facilité de plus, et il en a usé. Dans ce pays, qui a cent fois plus de monnaie de crédit que nous, et chez qui le besoin d’un moyen nouveau de circulation devrait être insensible, le total des sommes transportées par la poste s’est accru subitement et s’accroît encore.

Pendant le trimestre qui a fini le 5 octobre 1840, les articles d’argent transportés par la poste s’étaient élevés à 196,507 livres sterling. La réduction a eu lieu le 20 novembre suivant, et le résultat s’en est fait sentir aussitôt, car le trimestre commençant le 5 octobre 1840 et finissant le 5 janvier 1841 s’est élevé à 334,652 livres sterling, près du double du précédent. Cette progression a continué depuis, comme on le jugera par le tableau suivant :


TRIMESTRE FINISSANT SOMMES TRANSPORTÉES
1841 Le 5 janvier 334,652 liv. sterl.
Le 5 avril 567,518
Le 5 juillet 608,774
Le 5 octobre 661,099
1842 Le 5 janvier 820,576
Le 5 avril 890,575
Le 5 juillet 885,803
Le 5 octobre 901,549
1843 Le 5 janvier 1,031,850
Le 5 avril 1,080,249
Le 5 juillet 1,032,643
Le 5 octobre 1,060,023
1844 Le 5 janvier 1,096,428

Ainsi, tandis qu'avant la réduction on ne transportait par la poste que pour 196,706 livres sterling, ou 4 millions 913,675 francs par trimestre, on