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resterait pas moins constant que les lignes anglaises fourniraient comme réserve un contingent bien supérieur à celui que nous pourrions tirer de nos lignes transatlantiques et de celles de la Méditerranée.

Pour compléter notre aperçu comparatif, il nous reste à parler des navires en construction en Angleterre.

En juillet 1843, le nombre en était de 13, et au commencement de 1844, nous le trouvons de 27. 2 navires de 800 chevaux figurent dans ce nombre ; 11 autres sont des 450, et dans le cours de l’exercice de 1844-1845, il sera mis 6 bâtimens de 450 sur les chantiers. Ainsi, tandis que sur la liste des bâtimens à flot nous ne comptons que deux 450, la Dévastation et le Firebrand, celle des bâtimens en construction nous présente un développement considérable de cette classe, et qui mérite d’être signalé. C’est que le 450 n’en est encore qu’à son début ; il a été précédé par le vapeur de 320 chevaux, qui, lui-même, n’est venu que plusieurs années après le 220.

Ces trois classes marquent trois périodes distinctes dans les constructions militaires de la Grande-Bretagne, et chacune de ces trois périodes présente des types perfectionnés et d’une puissance croissante.

En 1822, c’est le Medea de 220, qui ouvre cette carrière de progrès, et pendant six ans nous le voyons servir de modèle à toute la flotte. Mais avant que son adoption soit devenue définitive, quelle sage lenteur, quelle prudente réserve ! Quatre ports sont d’abord appelés, comme dans un concours, à satisfaire aux conditions d’un devis proposé ; puis les 4 navires sortis de ce concours sont réunis, soumis à des expériences comparatives, et c’est seulement après de longues études qu’un type nouveau, celui de 220, est introduit dans la flotte.

Plus tard, en 1838, la même prudence préside à l’introduction du 320. Les premiers types, la Gorgon et le Cyclops, durent être modifiés, et l’on eut à se féliciter de ne pas les avoir reproduits avant de les avoir jugés.

Cependant l’industrie, précédant la marine militaire, avait ouvert par des essais hardis la voie à des constructions plus importantes. La marine militaire, entraînée dans cette voie d’agrandissement, ne s’en tint pas au Cyclops, et la Dévastation parut, construction admirable et dont nous avons déjà eu l’occasion de signaler les brillantes qualités.

La Dévastation a tenu tout ce qu’elle promettait. Aussi voyons-nous, en 1843, ce type reproduit et occupant presque exclusivement les chantiers des arsenaux anglais, avec la désignation officielle de steamers de 1re classe.

La construction des machines a suivi la même progression, et il ne sera pas sans intérêt de reproduire ici, d’après un document officiel[1], l’état des commandes faites par le gouvernement aux diverses usines, de 1839 jusqu’en 1843 ; car en Angleterre toutes les machines sont demandées à l’industrie, et les arsenaux ne possèdent que des ateliers de réparation.

  1. Return to an order of the honourable the house of commons. Dated 15 March 1843.