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quatorze ans ; c’est l’état normal ! N’y a-t-il pas des misères qui nous touchent de moins près, et qui sont moins dignes d’exciter l’intérêt et la sollicitude du pays ?

Les relations ordinaires avec l’Algérie exigent le concours permanent de 9 bâtimens pour les transports et pour la correspondance entre la France, Alger, et les différens points du littoral. Dans un service aussi actif, opéré par des navires lourds de construction et souvent surchargés, les avaries sont fréquentes. On en compte communément 4 à 5 retenus au port par des besoins de réparation. Ce nombre va quelquefois jusqu’à 6, surtout en hiver, où les causes d’avaries sont plus multipliées. C’est donc au moins 4 à 5 navires qu’il faudrait tenir en réserve pour faire face à ces éventualités, sous peine d’interrompre la régularité des communications, et de jeter la perturbation dans un service dont on ne peut plus se passer.

Ainsi, outre une permanence de 9 bâtimens, il faut en compter 4 à 5 au moins pour former une réserve : en tout, 13 à 14 bâtimens.

De plus, quatre navires ayant été jugés nécessaires pour les stations du Brésil, des Antilles, de Bourbon et de l’Océanie, c’est encore aux 160 que l’on s’est adressé, faute de mieux.

Faute de mieux, il a fallu se résoudre à proclamer sur toutes les mers notre infériorité, en faisant figurer à côté des navires rivaux, comme le Cyclops, le Vesuvius, le Spiteful, et tant d’autres, nos honteux 160, seulement bons aujourd’hui à servir de transports.

Ajoutons à ce compte l’Ardent, qui fait des essais à Indret, le Fulton à Brest, pour les missions imprévues, un stationnaire à Tunis, un à Constantinople, aux ordres de notre ambassadeur, un autre désarmé et hors de service, c’est-à-dire 5, et nous atteignons, avec les 3 navires hôpitaux, le chiffre de 25 à 26, en comptant la réserve nécessaire pour assurer la régularité des communications avec Alger.

Les services que nous venons d’énumérer occupent, sur l’état de la flotte à vapeur, tous les navires compris depuis le n° 11 jusqu’au n° 34, en tout 24 navires, tandis que nous venons de voir qu’en comprenant dans ces services une réserve de 4 à 5 navires reconnus nécessaires, on arriverait au chiffre de 25 à 26.

C’est donc, en temps ordinaire, 1 à 2 qui font défaut pour compléter le service d’Afrique.

De là l’état de malaise et d’urgence qui tourmente incessamment ce service.

Supposons maintenant que les quatre 220 disponibles dans la Méditerranée soient en mission dans le Levant ou sur les côtes d’Espagne ; s’il survient une dépêche à expédier, une mission pressée à remplir, à moins d’employer l’Asmodée, qui coûte beaucoup, et qui d’ailleurs, à cause de ses grandes dimensions, ne convient pas à toutes les missions, il faut, bon gré mal gré, emprunter aux ressources déjà si obérées du service d’Afrique. Il faut donc clore à la hâte, tant bien que mal, une réparation commencée ; il