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En tout 103 bâtimens à vapeur ; chiffre considérable, mais qu’il importe de réduire à sa valeur réelle.

On écartera d’abord de la liste les 24 paquebots de l’administration des postes et les 18 transatlantiques ; construits, installés pour un service de paix. Il faudrait du temps pour rendre ces navires propres à la guerre. Cette transformation, il importe qu’on le sache, ne s’improviserait pas, surtout avec la nécessité de l’opérer simultanément sur 42 navires, la plupart de grande dimension. On se tromperait donc si l’on s’imaginait que ces paquebots, parce qu’ils sont solidement construits et percés de sabords, n’auraient plus, la guerre survenant, qu’à recevoir leurs canons et leurs poudres. Sait-on, d’ailleurs, puisque l’expérience n’en a pas été faite, si le poids d’un matériel de guerre ne les priverait pas du seul avantage qu’on leur ait reconnu jusqu’à présent, la vitesse ? Il y aurait à faire table rase, depuis la carlingue jusqu’au pont. Toutes ces installations coûteuses, toutes ces recherches du luxe et du comfort devraient faire place à la sévère nudité des ponts d’un navire de guerre. On ne loge pas un équipage de guerre comme on loge des passagers qui achètent le droit d’avoir leurs aises ; il faut de larges emplacemens pour l’eau et les vivres, pour les poudres et les projectiles. Tout serait à créer en vue d’une destination nouvelle et si différente. On le répète, une pareille transformation ne pourrait s’improviser ; elle ne peut qu’être lente et successive.

C’est donc à titre de réserve seulement que l’on aurait droit d’introduire ces 42 bâtimens dans l’évaluation de la force navale. Il nous paraît même que l’on s’abuserait en comptant sur l’intégrité de ce chiffre, puisqu’au début de la guerre, une portion de ces paquebots, occupés à poursuivre leur mission pacifique, tomberaient inévitablement aux mains des croiseurs ennemis, ou bien resteraient bloqués dans les ports neutres par le fait seul de la déclaration de guerre.

Il ne reste plus, après cette élimination, qu’à s’occuper de la partie purement militaire de la flotte à vapeur, de celle qui en temps de guerre offrirait des ressources effectives et immédiates. Elle présente encore un chiffre de 61 navires ; mais ici nous trouverons une nouvelle réduction à faire, car les navires en construction ne peuvent figurer parmi les ressources présentes ; comme les paquebots, oh ne peut les admettre qu’à titre de réserve, et encore à la condition qu’ils seraient avancés au 22/24 ; or, c’est ce qui n’a pas lieu pour le plus grand nombre. Plusieurs de ces navires ne sont pas commencés ; le Coligny, par exemple.

C’est donc en définitive à 43 navires que se réduit notre force à vapeur présentement disponible, présentement efficace, celle qui, dans une éventualité soudaine, serait appelée à porter ou à parer les premiers coups.

C’est ce chiffre de 43 que l’on se propose d’examiner :

On voit d’abord figurer sur l’état 3 bâtimens de 450 chevaux[1],

  1. Voir tableau n° 1.