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LES THÉÂTRES.

et pour les juges de paix à 5 shellings, pour chaque mois d’ouverture du théâtre. L’autorisation est accordée à un directeur responsable ; son nom doit être imprimé sur toutes les affiches ; il doit fournir un cautionnement de 500 liv. sterl. au plus, et présenter à l’agrément de l’autorité deux répondans, chacun pour une autre somme de 100 liv. sterl. au maximum. Ces sommes sont destinées à garantir l’observation des règles imposées à l’entreprise et le paiement des amendes qu’elle pourrait encourir. Le chambellan a droit d’ordonner la clôture, tant qu’il le croit convenable, de tout théâtre où éclate quelque désordre ou sédition ; il peut aussi interdire les représentations à certains jours marqués. Les juges de paix, pendant leurs sessions, déterminent les règlemens à suivre pour assurer l’ordre et la décence dans les théâtres de leur juridiction, et pour fixer les époques où ils doivent s’ouvrir ou se fermer. Ces règlemens sont annexés aux autorisations, et toute infraction, constatée par une déclaration sous serment, peut entraîner la clôture à temps. Dans la circonscription des universités d’Oxford et de Cambridge, et à la distance de quatorze milles, les théâtres doivent en outre être autorisés par le chancelier ou le vice-chancelier de l’université, lequel peut aussi, en cas de désordre, retirer la permission. Tout acteur qui joue sur un théâtre non autorisé encourt une amende dont le maximum est de 10 liv. sterl. par représentation ; la loi est applicable à toute représentation pour laquelle les spectateurs sont assujettis à payer une somme en argent, ou toute autre rétribution directe ou indirecte, ou même à acheter un objet quelconque ; elle atteint aussi les tavernes, cafés, etc., qui feraient jouer la comédie ; il est formellement exprimé qu’en cas de poursuite le théâtre accusé devra prouver qu’il est autorisé, et sera considéré comme ne l’étant point, s’il ne peut produire sa licence. Sont exceptées des prescriptions de la loi les représentations données en vertu de la permission des autorités locales dans les foires, fêtes et réunions établies par l’usage. Les mesures prises par les juges de paix peuvent être l’objet d’un recours à la session trimestrielle. Telles sont les dispositions adoptées. Le projet proposait de réserver aux théâtres qui en avaient déjà le privilége exclusif le droit de jouer les ouvrages de Shakspeare et interdisait au lord-chambellan la faculté de l’étendre à d’autres entreprises. Cette disposition n’a pas été maintenue. Le parlement s’est refusé à déclarer qu’il ne serait pas loisible à tout théâtre d’offrir aux applaudissemens du public les chefs-d’œuvre du poète national : hommage légitime rendu au génie, satisfaction bien innocente de l’orgueil anglais, car il était constaté et reconnu que les tragédies de Shakspeare se jouaient rarement et n’attiraient point la foule.