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REVUE DES DEUX MONDES.


Mon pauvre cœur, l’as-tu trouvé
Sur le chemin, sous un pavé,
Au fond d’un verre ?
Ou dans ce grand palais Narni
Dont tant de soleils ont jauni
La noble pierre ?

L’as-tu vu sur les fleurs des prés,
Ou sous les raisins empourprés
D’une tonnelle ?
Ou dans quelque frêle bateau
Glissant à l’ombre et fendant l’eau
À tire-d’aile ?

L’as-tu trouvé tout en lambeaux
Sur la rive où sont les tombeaux ?
Il y doit être.
Je ne sais qui l’y cherchera,
Mais je crois bien qu’on ne pourra
L’y reconnaître.

Il était gai, jeune et hardi.
Il se jetait en étourdi
À l’aventure.
Librement il respirait l’air,
Et parfois il se montrait fier
D’une blessure.

Il fut crédule, étant loyal,
Se défendant de croire au mal
Comme d’un crime.
Puis tout à coup il s’est fondu
Ainsi qu’un glacier suspendu
Sur un abîme…