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papier a recouvré sa valeur légale, sa banque peut être citée au nombre des banques les plus florissantes de l’Europe. Cependant d’utiles travaux ont été exécutés à grands frais sur tous les points du royaume : ici, de vastes défrichemens de terre ou des desséchemens de marais ; là, des canaux ouverts dans le roc et dans le flanc des montagnes. Celui de Gotha, qui réunit la mer Baltique à la mer du Nord, a coûté plus de 20 millions ; celui de Hielmar, 2 millions. Six forteresses ont été reconstruites ou réparées et agrandies, plusieurs grandes routes ouvertes ou rétablies ; dans les districts éloignés de la capitale, des rivières et des fleuves déblayés ; sur une longue étendue, de nouveaux ports ouverts au commerce. L’industrie a pris un large développement. Des manufactures de draps, de toiles, des raffineries de sucre, des papeteries, ont été établies dans plusieurs provinces ; des métiers de tissage enrichissent les habitans d’un des districts les plus arides du royaume, et les humbles cabanes en bois de l’Angermannie et des autres provinces septentrionales de la Suède livrent chaque année au commerce des toiles d’une finesse et d’une blancheur qui rivalisent avec celles de Hollande. En 1810, la valeur des produits industriels ne s’élevait pas à plus de 10 millions de francs ; elle dépasse à présent 30 millions. Dans l’espace de vingt ans, le mouvement du commerce a toujours augmenté. En 1821, la somme des exportations de la Suède était de 24 millions, celle des importations de 22 ; en 1840, la première s’est élevée à 40 millions, la seconde à 36. Les recettes de la douane étaient, en 1821, de 3 millions ; les droits ont été diminués sur un assez grand nombre de marchandises, et, malgré cette diminution, les recettes, en 1840, se sont élevées à 7 millions de francs. Les recettes de la poste se sont accrues dans les mêmes proportions : 670,000 fr. En 1821, 1,260,000 en 1840. Une grande partie du service des postes est fait par des bateaux à vapeur. On compte à présent en Suède cinquante-six bateaux à vapeur ; il n’y en avait qu’un seul en 1820. Si minimes que soient ces chiffres, lorsqu’on les compare à ceux qui sont inscrits chaque année dans les budgets de quelques autres contrées européennes, ils n’en accusent pas moins un rapide et mémorable progrès dans un pays où la population est disséminée sur un immense espace, où toutes les communications sont lentes et les débouchés difficiles. Il reste beaucoup à faire pour amener la Suède au degré de prospérité commerciale auquel elle a le droit de prétendre par une exploitation plus large et plus fructueuse de ses bois et de ses mines ; mais jamais elle n’oubliera que Charles-Jean a fait, pour la guider et la maintenir dans cette voie, plus qu’aucun de ses devanciers.