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qui s’était opérée, dès que les manufacturiers avaient pu obtenir un nombre suffisant de jeunes ouvriers au-dessus de 13 ans pour abandonner le système des relais et pour s’affranchir des clauses compulsoires qui concernent l’éducation des enfans. Le système des relais n’est plus en usage que dans les manufactures isolées au milieu des districts ruraux, ou aux abords des villes qui n’ont pas d’industrie. »

M. Stuart, qui a inspecté les manufactures de l’Écosse et de l’Irlande, dit à son tour : « Le nombre des enfans employés dans les manufactures continue à décroître. Dans les fabriques rurales de l’Irlande, les enfans ne trouvent pas d’emploi, la population étant si nombreuse, que les fabricans peuvent toujours se procurer sans difficulté des adolescens au-dessus de treize ans. En Écosse pareillement, dans les manufactures rurales, le nombre des enfans employés va en décroissant. »

M. Saunders, qui a les comtés d’York et de Nottingham à surveiller, indique des résultats à peu près semblables. Dans le Yorkshire, les manufactures qui emploient des enfans penchent de plus en plus pour le système des relais : 48 fabricans d’Halifax sur 50 avaient pris l’engagement de le pratiquer, à partir du 1er janvier 1844 ; cependant cet usage était loin de se généraliser. En 1838, 95,000 ouvriers étaient employés dans ce district, et 106,500 en 1843 : accroissement 11,500 ; mais pendant que le nombre des adultes augmentait de 12,000, et celui des adolescens de 1,500, celui des enfans au-dessous de 13 ans diminuait de 2,000 : d’où M. Saunders conclut que, si les restrictions apportées au travail des enfans ne sont pas assez oppressives pour empêcher le manufacturier d’y avoir recours en cas de nécessité, elles encouragent néanmoins l’emploi d’ouvriers plus âgés.

Dans le comté de Lancastre, on se réconcilie, quoique lentement, avec la loi. En 1842, sur 1,339 fabriques en activité, 622 occupaient 6,283 enfans ; en 1843, sur 1,400 fabriques en activité, 660 employaient 6,795 enfans : l’accroissement avait été de 512 enfans, ou de 8 pour 100. Suivant M. Horner, les deux tiers de ces manufactures occupaient les enfans pendant huit heures, et continuaient le travail sans eux pendant le reste de la journée ; cependant il avoue que l’abstention est, dans ce cas, la plus souvent nominale, et que les heures de travail sont, pour les enfans, les mêmes que pour les hommes faits. 178 manufactures emploient 2,488 enfans alternativement, les uns le matin, les autres l’après-midi. Le système des relais gagne du terrain ; mais en général le nombre des enfans dans les fabriques est bien moins considérable qu’il n’était avant l’acte de 1833. Je ne parle pas de ceux qui sont admis par contrebande dans la catégorie des adolescens ;