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bien comprendre, il faut étudier, mesurer à son origine même la force de cette impulsion ; c’est dire qu’il faut toujours avoir l’œil ouvert sur la situation, les besoins et les tendances du commerce britannique.

Et ne croyez pas, monsieur, que cette tâche demande de longues recherches, de profondes méditations. Par l’organe de ses journaux, de ses économistes, de ses hommes d’état, l’Angleterre publie chaque jour elle-même les difficultés et les nécessités de sa position. Il suffit de recueillir ces révélations, de les comparer entre elles, de n’en pas perdre le souvenir, pour en tirer les inductions qui doivent éclairer nos propres intérêts. Je viens appeler aujourd’hui votre attention sur un document de ce genre. Vous penserez sans doute, comme moi, que l’importance de la question qu’il traite, la profondeur avec laquelle elle y est discutée, et la position de l’homme dont il émane, M. Gladstone, le ministre du commerce du cabinet Peel, sont des motifs suffisans de ne pas le laisser passer inaperçu. M. Gladstone, dans le numéro du Foreign and Colonial Review qui vient de paraître, analyse dans leurs causes les vices et les dangers de la situation commerciale de l’Angleterre, et indique les principales mesures que cette situation réclame. Après sir Robert Peel, il n’y a pas en Angleterre d’autorité plus compétente sur ces matières que M. Gladstone ; les mesures qu’il conseille ne sont pas les suggestions sans portée d’un utopiste ; elles sont d’une réalisation assurée, et dès cette session sans doute le parlement britannique aura à se prononcer sur plusieurs de ces mesures.

Aux yeux de M. Gladstone, la situation commerciale de l’Angleterre est gravement inquiétante. Il annonce bien que le commerce se relève peu à peu de la dernière crise, dont « la sévérité, l’étendue et la durée, ont, dit-il, été sans exemple, » mais il voit plutôt dans cette crise le paroxisme d’un mal permanent qu’une souffrance passagère. « Il serait funeste, suivant lui, de conclure de la cessation du paroxisme que les organes de la vie ne sont pas lésés, qu’il ne demeure pas un mal latent et profondément enraciné, qui réclame un changement de système et un régime plein de soins. » C’est pour cela que M. Gladstone cherche à sonder les causes permanentes de ce désordre économique révélé par des crises si fréquentes.

Les crises sont précédées de faits accidentels qui souvent les provoquent ou les aggravent ; il n’est pas sans intérêt de voir d’abord de quelle manière et jusqu’à quel point ces circonstances extérieures influent sur l’ébranlement des affaires commerciales de l’Angleterre.