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DU MOUVEMEMENT CATHOLIQUE.

d’hostilité systématique, l’enthousiasme irréfléchi, ne feraient que compromettre ce qu’il y a de sage et de vrai dans ses doctrines. Qu’il reste fidèle au programme tracé par M. de Champagny, qu’il donne aux questions morales, aux questions pratiques, une étendue qui jusqu’à ce jour ne nous paraît pas suffisante, et, de ce point de vue, il rendra, nous n’en doutons pas, de véritables services à la cause qu’il soutient.

Maintenant, passons vite, car il ne reste dans la presse périodique que des recueils qui n’arrivent pas jusqu’à la véritable publicité. Les uns, tels que le Prédicateur catholique, ont plutôt leur place parmi les livres de piété que parmi les journaux ; les autres, tels que le Presbytère, la Revue des Paroisses, la Revue Catholique, échappent par leur nullité à tout examen sérieux. Malgré de grandes prétentions, le patronage de douze prélats, l’envoi gratuit de quarante volumes pour six abonnemens, et la recommandation de l’Univers, la Lecture, qui s’est déjà éteinte après quelques mois d’une existence inaperçue, court grand risque de mourir une seconde fois. Notons encore, pour mémoire, la Bibliographie Catholique, le Bulletin de Censure, annexe de la Lecture. Ces deux recueils sont comme une sorte de sacré collége au petit pied, qui prononce la mise à l’index, sans trop s’inquiéter de savoir si ses jugemens seront ratifiés par Rome. Le Bulletin de Censure est légitimiste et ultramontain ; il réhabilite la chouannerie, cette autre Vendée non moins noble que la première, mais moins connue et moins appréciée. Il déclare aussi que M. Capefigue serait le premier historien de notre temps, s’il écrivait moins, et ses jugemens critiques sont tous de la même force. Le Monde Catholique, récemment éclos, est une entreprise de M. de Genoude, qui n’a point assez de deux journaux quotidiens pour épancher ses idées. M. de Genoude étant un instrument providentiel, ainsi que le dit la Nation, on ne s’étonnera pas que le Monde Catholique s’annonce comme un de ces signes précurseurs qui se manifestent dans les grandes crises de l’humanité, comme la colonne lumineuse, l’étoile des mages qui doit éclairer la Chine et l’Océanie. En attendant, les clartés de cette étoile ne brillent pas d’un vif éclat dans les départemens, car le Monde Catholique ne figure dans les envois de la poste que pour un chiffre de 129 exemplaires. Il en est de même de la Revue de Saint-Paul, qui est à l’Univers ce que le Monde Catholique est à la Gazette, une succursale insignifiante. La Revue de Saint-Paul, organe de la confrérie de ce nom, a donné le dernier mot des excentricités et de l’intolérance du néo-catholicisme ; elle joue à l’Érostrate contre toutes les gloires littéraires acceptées du public, et réhabilite toutes les médiocrités inconnues. Mystique, prude et crédule, la Revue de Saint-Paul défend les miracles de jésuites, demande le huis-clos pour les expositions du Musée, attendu que les Pasiphaë des Grecs étaient plus morales que les statues modernes, et en outre elle met les almanachs à l’index, sous prétexte qu’ils apprennent aux paysans à être vertueux sans le secours de leur curé. Il n’est pas besoin d’insister plus long-temps. La science ou la littérature, on le voit, n’ont rien à demander à la plupart de ces recueils, qui n’offrent que la négation ou la