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tienne, l’Université catholique et le Correspondant, qui se recommandent à l’attention des esprits sérieux, car il faut laisser en dehors du mouvement qui nous occupe le Journal de la Société de la Morale chrétienne, organe d’une association indistinctement composée de protestans et de catholiques, et qui se trouve ainsi placé sur un terrain neutre. Les Annales de philosophie chrétienne, qui datent de 1830, sont destinées à faire connaître tout ce que les sciences humaines renferment de preuves et de découvertes en faveur du christianisme. Ce recueil, dirigé par M. Bonnety, a pour collaborateurs MM. Seguier de Saint-Brisson, Quatremère, Guiraud, de Paravey, Eugène Boré, Drach, bibliothécaire de la propagande à Rome, quelques ecclésiastiques français et plusieurs cardinaux romains. Les Annales, qui figurent sur les envois de la poste pour 700 exemplaires, reproduisent par la traduction les principaux travaux publiés dans les journaux catholiques de l’Europe, et quoique assez vivement hostiles au libre examen et à l’école éclectique, elles apportent dans la discussion, à défaut d’une critique élevée, une mesure d’autant plus louable qu’elle est de jour en jour plus rare. Dans l’Université catholique, nous rencontrons la plupart des écrivains qui travaillent aux Annales ; quelques-uns des rédacteurs de l’Univers, MM. de Riancey, de Montalembert, ainsi que MM. de Salinis, de Scorbiac, de Villeneuve-Bargemont, président de l’Institut catholique, de Genoude et Gerbet. L’Université catholique reproduit les cours de la faculté de théologie et les conférences des cercles religieux ; elle donne des articles de critique sur les livres qui se rattachent d’une façon plus ou moins directe au catholicisme, et des études sur les principaux personnages et les grandes époques de l’église. Le plan de cette publication est bien conçu ; par malheur, aucune idée supérieure ne domine ; chacun peut à son gré donner un libre cours aux exagérations de sa pensée, et il résulte de cette absence de discipline et de mesure des contradictions souvent choquantes. Cette remarque s’applique également, en certains points, au Correspondant, mais en réservant une plus large part à l’éloge. Le Correspondant, qui date de 1843, n’est que la reprise en sous œuvre d’une publication périodique qui a paru sous le même titre pendant les dernières années de la restauration. Dans sa constitution nouvelle, le Correspondant a rallié l’élite des jeunes écrivains du mouvement catholique ; la philosophie, la politique, la science, la littérature et les arts y sont traités en même temps que les questions religieuses. Ce recueil n’accepte pas, n’exalte pas sans examen toutes les publications néo-chrétiennes ; bien au contraire, il a blâmé souvent, et même avec sévérité, des livres que l’Univers prônait avec amour, et lorsqu’il use d’un droit légitime en combattant ceux qui sont placés en dehors de ses convictions, il apporte du moins dans la polémique la réserve et la convenance. Malheureusement, dans la littérature catholique, les modérés ne sont pas les plus nombreux, et il est difficile de se défendre de l’irruption de ces enfans perdus qui guerroient dans toutes les sorties. Le Correspondant n’a point toujours échappé à ces sortes d’invasions ; qu’il y prenne garde cependant : l’esprit d’aventure,