Page:Revue des Deux Mondes - 1844 - tome 5.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.
42
REVUE DES DEUX MONDES.

dans la proportion d’un détroit au Grand-Océan, ou de l’île de la Grande-Bretagne au continent des deux Amériques.

Le lac Nicaragua a 153 kilomètres de long, 50 de large, et à peu près partout il offre une profondeur de 25 mètres. Le fleuve San-Juan, qui continue le grand axe du lac, c’est-à-dire qui coule à l’est, a un parcours, de 127 kilomètres. Le lac de Leon a, dans sa plus grande dimension, 63 kilomètres, et un pourtour de 147 ; la rivière Tipitapa, par laquelle il se déverse dans le lac de Nicaragua présente un développement de 48 kilomètres. Ainsi il y a de l’Atlantique au fond du lac de Nicaragua 190 kilomètres, et au fond du lac de Leon 301[1]. La ville de Leon, sur le lac du même nom, et celle de Grenade, sur le lac de Nicaragua, sont de populeuses cités.

Ici la jonction des deux océans peut s’opérer, soit par le lac de Leon, en se dirigeant de là sur le port de Realejo ou sur celui de Taramindo[2], ou encore sur la rivière Tosta, qui, sur la route de Leon à Realejo, descend du volcan de Telica, soit en allant du bord occidental du lac de Nicaragua lui-même au port de Saint-Jean du sud, dans le golfe de Papagayo ; soit enfin en se rendant de la pointe méridionale du lac à la baie de Nicoya (aussi nommée baie de Caldera). Cela fait, il resterait cependant à améliorer le cours du fleuve San-Juan de Nicaragua, et, si l’on devait aller jusqu’au lac de Leon, celui du Tipitapa, de manière à les rendre praticables pour de forts navires. Le fleuve San-Juan de Nicaragua est parcouru toute l’année, d’une extrémité à l’autre, par des pirogues d’un tirant d’eau de 1 mètre à 1 mètre 20 centimètres, mais presque partout il présente une beaucoup plus grande profondeur. Par des travaux de perfectionnement à trois ou quatre rapides[3] qu’on y rencontre çà et là, il serait possible et même facile aux navires tirant 3 mètres et demi à 4 mètres de se rendre en tout temps de la pleine mer au lac. Le volume d’eau que débite le fleuve est même assez considérable pour que l’on pût, avec plus de dépense, obtenir des résultats plus avantageux encore. On peut en dire autant du Tipitapa. La barre du

  1. Ce sont les évaluations de M. Bailey. Les autres observateurs et géographes attribuent au lac de Nicaragua de plus grandes dimensions. Quant à la profondeur, ils lui en assignent une moindre, mais plus que suffisante pour de grands navires.
  2. Ce port m’a été signalé par M. Léon Leconte. Je n’ai pu le retrouver sur aucune des cartes que nous avons en France.
  3. On désigne ainsi les points où le courant est beaucoup plus vif et oppose un grand obstacle aux navires qui remontent. Quand un rapide est bien caractérisé, il interrompt la ligne navigable.