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L’ISTHME DE PANAMA.

cette direction. Cependant ils firent connaître que par le Guasacoalco on ne franchirait pas plus des deux tiers de l’isthme, que de l’embarcadère de Malpasso, qui est au-dessus de celui de la Cruz, placé au confluent du Saravia, il y aurait encore jusqu’à la mer du Sud un trajet de 110 kilomètres (26 lieues de Castille), et qu’aucune rivière ne communiquait avec les deux mers à la fois. Ils signalèrent la difficulté de faire aboutir le canal à un bon mouillage sur l’Océan Pacifique. Jusque-là ils étaient dans le vrai ; mais, passant ensuite dans la fable, ils émirent l’opinion qu’un canal des deux mers joignant le Chimalapa au Guasacoalco pouvait s’exécuter sans écluses ni plans inclinés. D’après les dernières études qui eurent lieu à la fin du XVIIIe siècle, sous le vice-roi Revillagigedo, homme éclairé, plein d’ardeur pour le bien public, le canal de jonction entre le Chimalapa et le Rio del Malpasso, affluent du Guasacoalco, n’aurait eu que 25 kilomètres. Il s’agissait non d’un canal maritime, mais d’une ligne praticable pour des bateaux ou de grandes pirogues.

Les études de MM. Cramer et del Corral, et celles qui eurent lieu après eux, laissèrent donc l’isthme de Tehuantepec en excellente renommée. Quand furent terminées les guerres de la révolution française, en 1814, les cortès espagnoles, sur la proposition d’un député mexicain, don Lucas Alaman, qu’on a vu depuis ministre des affaires étrangères à Mexico, décrétèrent le canal ; mais la lutte de l’indépendance du Mexique se rouvrit bientôt, et le décret n’eut aucune suite.

Peu après l’indépendance du Mexique, le général du génie don Juan Orbegoso fut détaché par le gouvernement mexicain pour procéder à une exploration. Ce savant officier se mit à l’œuvre en 1825. Il fit des observations astronomiques pour déterminer des latitudes et des longitudes. Il mesura l’élévation du sol au-dessus de la mer, non par des nivellemens, mais au moyen d’un baromètre, ce qui, dans les régions équinoxiales cependant, donne des résultats d’une approximation remarquable. Malheureusement le baromètre dont il se servit n’était pas tout-à-fait orthodoxe[1]. Résumons les résultats de son pénible travail :

L’isthme, mesuré du rivage du golfe de Tehuantepec à la barre

  1. « Les observations barométriques ne méritent qu’une confiance médiocre. Le seul baromètre que possédât la commission avait été fait par moi, et il est probable qu’il avait pris l’air pendant le voyage, ce qui peut avoir influé sur l’exactitude des points mesurés. Leur hauteur respective doit néanmoins être assez exac-