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LE ROYAUME-UNI ET LE MINISTÈRE PEEL.

difficultés et des préjugés enracinés, la marche des idées. Long-temps en Angleterre l’instruction séculière a été purement et simplement subordonnée à l’instruction religieuse, non dans un sens large et philosophique, mais dans un sens exclusif et étroit. La liberté ensuite est venue, et maintenant on aspire à l’égalité.

Trois autres bills auxquels le ministère attachait de l’importance partagèrent d’ailleurs le sort du bill de l’éducation des classes ouvrières, et furent abandonnés avant la fin de la session. Ce sont le bill pour amender la loi des pauvres, le bill sur les cours de comté, et le bill sur les cours ecclésiastiques. Comme le bill d’éducation, ce dernier subit plusieurs discussions et périt sous les coups d’une double opposition. Il s’agissait, conformément à l’avis d’une commission d’évêques et de jurisconsultes distingués formée en 1832, de supprimer trois cent quatre-vingts cours ecclésiastiques qui, répandues dans tous les diocèses, connaissent des affaires testamentaires et matrimoniales, et de les remplacer par une cour unique. Mais d’une part sir Robert Inglis, le colonel Sibthorp et tout le parti ultra-anglican s’indignèrent qu’on osât toucher à des cours contemporaines de la conquête, et qui, à ce titre comme en raison de leur spécialité, méritaient le plus profond respect. D’un autre côté, quelques radicaux, entre autres M. Duncombe, prétendirent que le bill était impuissant, ridicule, et n’atteignait pas à la racine du mal. Soutenu par les whigs et par MM. Hume et Roebuck, le ministère obtint pourtant la seconde lecture à 186 voix contre 104 ; mais, à force de modifier le bill pour le rendre moins désagréable à ses amis, il finit par le priver de toute valeur et de toute vitalité. Le parti libéral lui retira donc son appui, et un ajournement indéfini vint en faire justice.

Peu s’en fallut que le bill sur le blé du Canada ne devînt pour le cabinet l’occasion d’une défaite plus sérieuse. Rien de plus simple au fond que la question. Dans l’ancien état de choses, le blé américain entrait sans droit au Canada, et le blé du Canada entrait en Angleterre, moyennant un droit variable de 1 à 5 sh. Or, en 1842, la législature canadienne, d’accord avec le ministère anglais, décida que désormais, si le parlement impérial y consentait, le blé américain paierait 3 sh. au Canada, et le blé canadien 1 sh. en Angleterre, d’où il résultait qu’en définitive le blé américain pourrait pénétrer en Angleterre moyennant un droit fixe de 4 sh. au lieu d’un droit variable de 1 à 5. C’est ce vote qu’il s’agissait de confirmer, et comme dès l’année précédente lord Stanley avait annoncé l’in-