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fournies partie par une faible rétribution des élèves, partie par une taxe paroissiale ; l’école d’ailleurs devait être administrée par une commission de sept membres, à savoir, le pasteur, deux marguilliers (church wardens), et quatre personnes à la nomination des magistrats. C’est à la commission ainsi constituée qu’il appartenait de nominer les instituteurs avec l’approbation de l’évêque. Il restait enfin bien entendu qu’aucun enfant ne serait tenu d’assister au service anglican ou de recevoir de l’instituteur l’instruction religieuse. Les dissidens et les catholiques avaient ainsi, selon sir James Graham, une garantie complète contre tout esprit de prosélytisme.

Après cet exposé, il y eut dans la chambre un concert d’applaudissemens. Lord John Russell et lord Sandon, M. Ewart et sir Charles Burrell s’unirent pour promettre que dans une cause aussi sainte chacun déposerait tout esprit de parti. Quelques-uns prévirent bien que les opinions exclusives et intolérantes se plaindraient, et que le bill passerait aux yeux des uns pour destructif de la prépondérance anglicane, aux yeux des autres pour un nouveau moyen de fortifier cette prépondérance ; mais, dit lord John Russell, « nous ne devons pas nous arrêter à cela. » Un membre, sir Rohert Inglis, protesta pourtant en faveur du prosélytisme, et soutint qu’on n’avait pas le droit de le supprimer. Sir Robert Inglis fut seul, et l’on put croire que le bill passerait à l’unanimité.

Même mouvement dans la presse que dans la chambre. À l’exemple de sir Robert Inglis, le John Bull déclara que jamais plus grand mal n’avait été fait depuis Jacques II, et qu’en ne reconnaissant plus l’église anglicane comme la seule et véritable église, on ouvrait la porte à toutes les erreurs, à toutes les impiétés, dont le nom est légion. « Il faut, ajoutait le John Bull, avoir le courage de proclamer qu’on ne peut recevoir l’instruction séculière dans les écoles nationales sans y recevoir en même temps l’instruction religieuse selon l’église anglicane. » Mais, à cette exception près, il n’y eut qu’une voix dans la presse. Le Morning-Chronicle lui-même, organe spécial de lord Palmerston, fit trêve un moment à son intraitable opposition.

Malheureusement pour le ministère, les dissidens, notamment les wesleiens, ne furent pas du même avis. Malgré les déclarations tolérantes de sir James Graham, malgré même le chagrin de sir Robert Inglis, ils virent deux choses dans le projet, l’une que la commission de surveillance donnait en fait la majorité au pasteur anglican, l’autre que tous les instituteurs choisis par la commission et approuvés par l’évêque appartiendraient nécessairement à l’église