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ÉTUDES SUR L’ANGLETERRE.

une circulaire de la maison Jee et frères, les détails qu’il publie dans son dictionnaire sur les importations de Liverpool, de 1833 à 1838.

La navigation de Liverpool n’a pas une importance proportionnée à celle de son commerce. En 1835, les vaisseaux appartenant à ce port étaient au nombre de 996, montés par 11,511 matelots. Une place relativement secondaire, Newcastle, en possédait près de 1,100. Cela vient de ce que les ports d’expédition ne sont pas toujours les ports d’armement. La main d’œuvre est trop chère à Liverpool pour que les constructeurs y établissent tous leurs chantiers. On construit principalement dans cette ville des bâtimens à vapeur, genre de travail qui exige de puissans appareils, et qui ne convient qu’aux grands ateliers. Ajoutons qu’une bonne partie des transports se font par navires étrangers ; les cotons, par exemple, arrivent dans des vaisseaux américains. La proportion des marchandises transportées par navires étrangers, qui était à Londres de 27 pour 100 en 1840, a été de 45 pour 100 à Liverpool.

La navigation à la vapeur rétablira la balance. Elle prend aujourd’hui dans la Mersey la même extension que dans la Tamise. Le port de Liverpool compte plus de 80 bateaux à vapeur. Ces paquebots continuent les chemins de fer qui unissent Liverpool à Birmingham, à Londres, à Leeds et à Lancaster. Ils abordent l’Irlande par trois points, Dublin, Kingstown et Belfast, le nord de l’Angleterre par Whitehaven, l’Écosse par Glasgow, et mettent l’Angleterre en communication avec les États-Unis, le Portugal, Gibraltar, et les pays riverains de la Méditerranée. C’est un incessant va et vient d’hommes et de marchandises. Plus de deux mille personnes quittent chaque jour Liverpool par les chemins de fer et par les bateaux à vapeur. Autant arrivent des villes de l’Angleterre ou du dehors. À peine un paquebot a-t-il débarqué ses passagers sur le quai, qu’un autre l’accoste, et vous voyez fumer à l’horizon la cheminée de quelque bateau à vapeur qui va dans dix minutes prendre la place de celui-ci. À l’intérieur, les hôtels destinés à recevoir les voyageurs sont en plus grand nombre et plus fréquentés que dans aucune autre cité. Après Londres, il n’y a pas de ville où l’on rencontre des boutiquiers plus riches et des magasins plus brillans. Liverpool est l’emporium de la Grande-Bretagne à l’occident, ainsi que Londres à l’orient.

Les progrès de Liverpool et la relation de ces progrès avec le développement des manufactures ne sont pas en Angleterre des faits d’exception. Ils représentent au contraire l’accroissement du commerce britannique, en même temps qu’ils expliquent les causes de