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canaux et de chemins de fer qui lui donne, dans ses relations avec toutes les cités industrielles, la célérité pour les personnes, et le bon marché pour les produits. Le canal de Leeds et Liverpool, qui se jette dans la Mersey au nord de Liverpool, joint cette ville à Leeds. Le Grand-Trunk canal, qui débouche dans la Mersey à Runcorn, comté de Chester, fait communiquer Liverpool avec le district des poteries et les comtés de l’intérieur (midland counties) ; un court embranchement le relie à Birmingham. Le canal de Bridgewater, en établissant la communication de Liverpool avec Manchester, rattache à ce port le système de canaux dont Manchester est le centre, et qui rayonne vers toutes les villes des environs jusqu’à Sheffield.

Le premier canal exécuté dans la Grande-Bretagne avait été construit, vers la fin du XVIIIe siècle, pour joindre Manchester à Liverpool ; c’est encore entre ces deux villes qu’a été établi, au XIXe siècle, le premier chemin de fer. Mais ce qui montre bien la différence des deux époques, il avait fallu, en 1761, l’intervention d’un membre éminent de l’aristocratie, du duc de Bridgewater, pour exécuter le canal ; ce fut une association de capitalistes qui entreprit, en 1825, le chemin de fer. Depuis, Liverpool est resté le marché principal des valeurs représentées par les chemins de fer ainsi que par les canaux. Les grands manufacturiers et les grands commerçans font ainsi le plus admirable usage de leur fortune. Le capital qui s’est accumulé dans leurs mains contribue à couvrir le pays de ces voies rapides de communication qui égalent le mouvement à la pensée.

À Manchester, la grande affaire, c’est le travail ; à Liverpool, c’est le crédit. La Banque d’Angleterre a établi un comptoir à Liverpool ; mais on y compte plus de neuf banques par actions, qui toutes émettent des billets au porteur. Les usages, en matière de crédit, sont d’une extrême libéralité. Les termes de paiement, après livraison des marchandises, sont généralement de quatre mois, et Liverpool est peut-être la seule ville où les commissionnaires expéditeurs fassent de larges avances sur les marchandises destinées à l’exportation.

Le véritable, le grand commerce à Liverpool est le commerce de commission. Les négocians qui s’y livrent ont des correspondans et souvent même des agens dans toutes les parties du globe ; ce sont eux qui recueillent et qui transmettent à leurs cliens les renseignemens les plus étendus sur les faits commerciaux, des renseignemens tels qu’un gouvernement, avec sa hiérarchie de fonctionnaires, pourrait rarement les fournir. La science elle-même ne dédaigne pas de puiser à cette source. C’est ainsi que M. Mac’Culloch a emprunté, à