Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/811

Cette page a été validée par deux contributeurs.
805
ÉTUDES SUR L’ANGLETERRE.

en 1837, elle n’était plus que de 1,112,812 l. st., et de 1,027,160 l. st. en 1840. Bristol a fait cependant les efforts les plus énergiques pour rappeler les jours de son ancienne splendeur. Pour mettre son port en communication avec Londres, et pour le rattacher aux comtés méridionaux de l’Angleterre, ses négocians ont entrepris, avec le concours des capitalistes de la métropole, un gigantesque chemin de fer, qui n’aura pas coûté, avec ses annexes, moins de 200 millions de francs. Ils ont construit encore, pour desservir les communications de la Grande-Bretagne avec les États-Unis, des paquebots à vapeur qui ne le cèdent pas à ceux de Liverpool. Malgré ces tentatives et bien que Bristol soit placé, dans la mer d’Irlande, plus près que toute autre place de l’Atlantique et du continent, le commerce, qui a déserté ce port, n’en reprend pas le chemin.

Le même déplacement s’est opéré en France, depuis la paix, entre Bordeaux et le Havre. Bordeaux, que ses relations avec les Antilles avaient si long-temps fait prospérer, languit aujourd’hui, et descendrait au rang de Nantes ou de Cette, sans l’aliment que ses vins fournissent à l’exportation. Le Havre, au contraire, qui n’était rien avant 1814, a pris une grande extension aussitôt que les manufactures de la Normandie, de la Picardie et de la capitale lui ont ouvert de nouveaux débouchés.

L’histoire de Liverpool est celle du Havre sur une plus grande échelle ; c’est un champ que le souffle de l’industrie manufacturière a fécondé. Il n’y a pas au monde une position commerciale plus magnifique. Dans un rayon de trente à trente-cinq lieues de cette ville, on rencontre : les mines inépuisables de Northwich, dans le comté de Chester, qui fournissent la plus grande partie des 250,000 tonneaux de sel exportés par l’Angleterre ; les poteries du comté de Stafford, dont l’exportation s’est élevée au-dessus de 20 millions de francs ; Birmingham et les forges des environs ; Nottingham, Derby et Leicester, où se fabrique la bonneterie ; Sheffield, siége de la coutellerie et de la quincaillerie ; Leeds, Bradford et Halifax, où se fabriquent les draps et étoffes de laine, et qui en exportent pour 125 a 150 millions ; Manchester, Stockport, Oldham, Bolton, Rochdale et Preston, pour les filés et les tissus de coton ; des mines de houille dans toutes les directions ; enfin, les ports de l’Irlande pour les approvisionnemens en grains et en bétail.

Liverpool a un autre avantage sur le Havre. Ce dernier port ne communique avec Rouen et avec Paris que par la Seine, dont la navigation est encore à l’état de nature. Liverpool a un double système de