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ÉTUDES SUR L’ANGLETERRE.

Ainsi, en seize années le commerce d’exportation que fait l’Angleterre avec les États-Unis a eu trois périodes ascendantes et trois périodes décroissantes. Il est descendu au-dessous de 5 millions sterling en 1829, pour remonter à 9 millions en 1831 ; puis il est retombé au-dessous de 6 millions, pour s’élever ensuite à plus de 12 millions dans l’année 1836, chiffre qui a été son point culminant. En 1837, nouvelle chute, les exportations se réduisent des deux tiers. En 1839, on les voit encore à près de 9 millions ; en 1842, elles ne sont plus que de 3 millions et demi : en sorte que ces relations, qui embrassèrent un moment 23 pour 100 du commerce extérieur de l’Angleterre, y entrent à peine aujourd’hui dans la proportion de 7 à 8 pour 100.

On peut dire que la Grande-Bretagne tout entière est semée des ruines de ce commerce. Il n’y a pas une ville industrielle qui n’ait essuyé des pertes dans ses relations avec l’Amérique, ou qui ne souffre de l’interruption de ces rapports. J’ai vu à Birmingham des manufactures que la dernière crise a fait fermer depuis un an. Mais Sheffield, Glasgow, Manchester et les fabriques des environs ont été particulièrement frappés. En général, la diminution du commerce avec l’Amérique a porté sur les tissus ; d’une année à l’autre, l’exportation de ces articles s’est trouvée réduite ici de 50, là de 75 pour 100. En voici la preuve :

1841. 1842.
Quincaillerie et coutellerie 
584,400 liv. sterl. 298,881 liv. sterl.
Fer et acier 
626,532 394,854
Fils et tissus de coton 
1,515,933 487,276
Fils et tissus de lin 
1, 232,247 463,645
Fils et tissus de laine 
1,549,926 892,235
Tissus de soie 
306,757 81,243

Si Liverpool n’avait été que le facteur, en quelque sorte, des districts manufacturiers, si les négocians de cette ville s’étaient bornés au commerce de commission, ils n’auraient éprouvé, dans la crise américaine, d’autre dommage que celui de voir diminuer la somme de leurs affaires ; mais Liverpool a été pendant dix ans une espèce de banque commanditaire à l’usage de toutes les industries qui expédiaient leurs produits au dehors, et cette ville, s’étant associée à leurs opérations, a partagé nécessairement les désastres qui en sont résultés. Tout fabricant de Manchester, de Leeds ou de Birmingham, qui consignait à un expéditeur de Liverpool des marchandises des-