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LA VIE ET LES ÉCRITS DE VANINI.

faictes, auditions, confrontemens, objects par lui propousés contre les tesmoings à luy confrontés, taxe et dénonce sur ce faictes, dire et conclusion du procureur-général du roi contre le dict Ucilio ouy en la grand’chambre ;

« Il sera dict que le procès est en estat pour estre jugé deffinitivement sans informer de la vérité des dits objects[1], et ce faisant, la court a déclairé et desclaire le dit Ucilio ataint et convainscu des crimes[2] d’atéisme, blasphèmes, impiétés et autres crismes résultant du procès, pour pugnition et réparation desquels a condamné et condamne icelui Ucilio a estre deslivré ès mains de l’exécuteur de la haulte justice, lequel le traynera sur une claye, en chemise, ayant la hard au col, et pourtant sur les espaules ung cartel contenant ces mots : Atéiste et blasphémateur du nom de Dieu ; et le conduira devant la porte principale de l’église métropolitaine Sainct Estienne, et estant illec à genoulx, teste et pieds nuds, tenant en ses mains une torche de cire ardant, demandera pardon à Dieu, au roy et à la justice desdicts blasphêmes, après l’adménera en la place du Salin, et, attaché à ung poteau qui y sera planté, lui coupera la langue et le stranglera ; et après sera son corps bruslé au bûcher qui y sera apresté, et les cendres jetées au vent ; et a confisqué et confisque ses biens, distraict d’iceulx les frais de justice au profict de ceux qui les ont expousés, la taicxe réservée. »

Signé à l’Original,Le Mazuyer,
G. de Catel.
III. — l’exécution.

L’arrêt rendu fut immédiatement exécuté. Il est certain, d’après les témoignages conformes de Gramond, de Malenfant et du procès-verbal du Capitole, que Vanini, dès qu’il se vit condamné, leva le masque, comme dit Gramond, refusa les secours de la religion, et fit entendre des blasphèmes qui scandalisèrent tous les assistans, et mirent à nu l’hypocrisie de sa conduite et de ses discours pendant le procès. Quels furent précisément ces blasphèmes ? On sent combien de fables durent ici se mêler à la vérité. Le Mercure de France, Garasse et Patin, font parler Vanini comme s’ils l’avaient entendu. Il faut s’en tenir au récit de ceux qui assistèrent à cette scène affreuse. Du moins Vanini mourut-il avec courage. Gramond et Malenfant essaient de lui ravir ce dernier honneur ; mais leur récit même témoigne contre eux. On doit savoir gré au Mercure de France d’avoir osé rendre cette justice à l’infortuné : « Vanini, dit-il, mou-

  1. Aurait-on refusé à l’accusé de faire la preuve de ses allégations contre les témoins ?
  2. Sur l’original, avant le mot atéisme, il y a : d’héré raturé et biffé.