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LA VIE ET LES ÉCRITS DE VANINI.

Ces documens nouveaux, joints au récit de Gramond, l’éclairent et le développent ; mais il s’en faut bien que toutes les pièces de cette fatale procédure nous soient connues. Nous n’avons ni le procès-verbal de la confrontation de Vanini et de Francon, ni ses inrrogatoires, ni surtout le discours par lequel Guillaume de Catel répliqua à celui de Vanini, discours qui changea la disposition de l’assemblée et détermina la condamnation de l’accusé[1].

II. — la sentence.

Rien ne put le sauver, ni sa jeunesse, ni son savoir, ni son éloquence, qui toucha si vivement le greffier Malenfant, ni cette démonstration de l’existence de Dieu fondée sur un brin de paille, ni cette dévotion excessive qui faisait dire à ses geôliers qu’on leur avait donné un saint à garder. « Après un procès qui avait duré six mois, un arrêt solennel le condamna à mort » Tels sont les termes dans lesquels Gramond exprime la condamnation. Il ne donne point l’arrêt lui-même, il ne dit pas le jour où cet arrêt fut rendu. Malenfant est aussi laconique que Gramond. Mais le procès-verbal du Capitoul, sans donner l’arrêt, le fait connaître ainsi :

« Le samedy, neufvième du moys de février en suivant, la grand’chambre et la Tournelle assemblées, fut donné arrest au rapport de M. de Catel, conseiller au parlement, par lequel il fut condamné à estre trayné sur une claye, droit à l’église Saint-Estienne, où il seroit despouillé en chemise, tenant un flambeau ardant en main, la hart au col, et, tout à genoulx devant la grande porte de la dite église, demanderoit pardon à Dieu, au roy, à la justice, et de là en haut, faisant le cours accoustumé, seroit conduit à la place du Salin,

  1. On cherche pour moi ces pièces dans les archives du parlement de Toulouse, et on ne désespère pas de les trouver. Je tiendrais surtout à posséder la réplique de Catel au discours de Vanini. L’archiviste du département, M. Belhomme, écrivait ce qui suit à M. Floret, alors préfet, le 24 juin 1841 : « Le discours prononcé par Catel pour détruire l’effet de celui de Vanini se trouvait chez M. de Catelan, pair de France, le dernier procureur-général du parlement de Toulouse, où M. Du Mège m’a expressément déclaré l’avoir vu et l’avoir lu. Catel accusait Vanini d’être le corrupteur de la jeunesse, de professer le mépris de toute convenance en fait de mœurs, et surtout d’être adonné à la sodomie, d’avoir même initié à cette dépravation plusieurs jeunes gens, d’avoir une maison où il réunissait ses adeptes et où il leur donnait des leçons de la plus infâme corruption. Ce discours était écrit en entier de sa main et portait en marge diverses citations. »