Cependant, pour faire preuve de bonne volonté, il essaie de prouver l’immortalité de l’ame, d’abord par sa simplicité, ensuite par sa nature céleste et par conséquent incorruptible, enfin par le principe : rien ne se fait de rien ; or, si un être ne peut se faire de rien, un être aussi ne peut retourner à rien.
Vanini ne répond pas si mal aux stoïciens. A-t-il bien connu leur véritable doctrine ? Peu importe ; il est certain qu’il repousse avec force et avec un grand air de conviction les erreurs qu’il leur attribue. Partout il revendique la liberté de l’homme, et répète que l’acte dépend entièrement de notre volonté, et que c’est nous qui méritons et qui déméritons.
Dans un temps où l’astrologie était la croyance universelle, depuis Képler jusqu’à Campanella, il ne faut pas s’étonner qu’un péripatéticien comme Vanini, imbu de la doctrine que toutes les idées de l’intelligence viennent des sens, ait accordé plus qu’il ne faut à l’influence des astres ; cependant il réserve toujours et presque entièrement la volonté. Les hommes, disaient les stoïciens du XVIe siècle, n’agissent que d’après l’influence des astres qui président à leur naissance. C’est donc aux astres et non pas à la volonté qu’il faut attribuer le mal. « Nos actions, répond Vanini[2], ne sont pas soumises directement aux astres, elles relèvent de notre seule volonté qui, étant immatérielle, ne peut dépendre des corps célestes. Ils ne forcent pas nos actions ; tout ce qu’on peut dire, c’est qu’ils les inclinent et de la manière suivante : notre volonté suppose l’intelligence, celle-ci dépend des sens, les sens sont directement soumis à l’influence des corps célestes ; de là une certaine inclination et disposition de la volonté, mais nulle contrainte.