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REVUE. — CHRONIQUE.

au préjudice du Mexique lui-même. Est-ce ainsi qu’il attirera chez lui ce dont il a le plus besoin, l’industrie et les capitaux de l’Europe ? En fixant ses regards sur l’Amérique du Sud, on est douloureusement frappé de l’impossibilité où elle paraît être de se donner un gouvernement éclairé et régulier. Voilà trente-cinq ans qu’elle s’efforce en vain de se constituer, et certes, pendant cette longue période, les communications avec l’Europe, les conseils, les secours, ne lui ont pas manqué. L’indépendance de ces états a été reconnue, et il y a long-temps que l’Espagne ne leur inspire plus aucune crainte et n’est plus pour les Américains une cause ou un prétexte d’agitation. D’où vient donc cette impuissance ? Tient-elle à la race ou aux antécédens du pays ? Il y a là une curieuse étude à faire. Ils sont maîtres d’eux-mêmes ; les instincts sociaux, les sentimens de l’ordre, ne leur sont pas étrangers ; le pays possède d’immenses ressources naturelles ; l’Europe y a versé d’énormes capitaux. À l’aide de ces données, on ferait à priori de l’Amérique du Sud une histoire qui serait tout juste le contraire de la vérité.

À l’intérieur, la vie politique, suspendue en quelque sorte par les plaisirs de l’automne, n’a pas encore repris son cours. En attendant la saison parlementaire, les débats quotidiens n’ont pour s’alimenter que les entreprises de l’épiscopat et la polémique religieuse. Espérons que cette polémique touche à sa fin, et que la déclaration d’abus qui a frappé M. l’évêque de Châlons portera ses fruits.

Le conseil-général de la Seine vient de terminer sa session de 1843. En parcourant les procès-verbaux de ses délibérations, on est frappé de l’importance des questions qu’il a abordées et de la sagesse des avis qu’il a émis, des vœux qu’il a exprimés. Nous avons remarqué en particulier son avis sur la suppression de la vaine pâture, le desséchement et le reboisement des terrains propres à ces opérations, son vœu relatif à l’importation des bestiaux, vœu parfaitement rédigé et par lequel le conseil demande avec une nouvelle instance que les bœufs maigres soient admis en franchise, que le droit sur tous les autres bestiaux soit perçu au poids et non par tête, et enfin que le droit pour cette perception soit uniforme et réglé de manière à apporter une nouvelle diminution sur les droits de douane à l’entrée des bestiaux. Il insiste également sur une réforme de notre régime hypothécaire et de la législation relative aux brevets d’invention. Nous aimons à croire que le ministère prendra ces avis et ces vœux en très sérieuse considération, et que nous pourrons déjà en voir quelques résultats à la session prochaine, l’ouverture en est fixée, dit-on, au 26 décembre.


Les différends que le gouvernement français a eus depuis 1830 avec les états de l’Amérique ont tous été suscités par les plaintes de ceux de nos nationaux qui résident dans les diverses parties du Nouveau-Monde. La France,