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ATHÈNES ET LA RÉVOLUTION GRECQUE.

à cela une peau très blanche, de grands cheveux châtains, de belles épaules, de jolies dents, et, chose rare chez une Allemande, de très petits pieds : c’est assurément plus qu’il n’en faut pour faire d’une gracieuse femme une délicieuse reine. Elle a les yeux si beaux, qu’on trouve tout naturel qu’elle en connaisse la puissance, et l’on aime à voir cette bouche souriante, cette démarche légère, à la jeune souveraine d’un peuple qui fut le plus élégant de tous les peuples. La reine Amélie est d’ailleurs une femme d’esprit ; elle a sur le roi une grande influence, et l’on sait qu’elle a beaucoup contribué, dans les derniers évènemens, à faire fléchir la raideur de son caractère.

On walsa avec frénésie jusqu’à cinq heures du matin. En s’éloignant un peu du tourbillon des danses, on pouvait jouir sur l’avant du vaisseau d’un spectacle tout différent. Les yeux éblouis par l’éclat des bougies se reposaient tout à coup, au sortir de la salle du bal, dans les molles lueurs d’un beau clair de lune ; tout dormait dans le port ; la silhouette immobile et les agrès élégans des navires à l’ancre se dessinaient en noir sur un ciel étoilé. Quelque chose de doux flottait dans l’atmosphère, on entendait à la fois le murmure lointain de la mer et le bruit affaibli de la fête. Ces walses, on se rappelait les avoir entendues en France, et la pensée retournait doucement vers la patrie absente. Ce port, c’était le Pirée ! Ces astres, qui brillaient haut, avaient éclairé les splendeurs d’Athènes ; par une nuit semblable, ils avaient guidé vers ce même rivage la flotte victorieuse de Salamine !


Alexis de Valon.