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SITUATION DE L’ESPAGNE.

pagne en Angleterre ; don Manuel Cortina, ancien ministre de l’intérieur ; don Juan Bautista Alonzo, sous-secrétaire d’état au ministère de l’intérieur ; don Luis Gonzalès Bravo, don Eugenio Moreno Lopez, etc. Toutes les notabilités politiques de l’Espagne constitutionnelle vont se trouver réunies.

Le sénat ne sera pas moins bien composé. On sait que le gouvernement choisit les sénateurs sur une liste de trois candidats nommés par les provinces. Fidèle à son programme de conciliation, le ministère Lopez a fait ses choix avec une remarquable impartialité. Les sénateurs désignés sont pris en nombre à peu près égal dans les deux anciens partis. Ce qui prouve que le parti modéré ne sera pas en minorité dans le sénat, quoique les nominations aient été faites par ses anciens adversaires, c’est qu’il est question de porter à la présidence le duc de Rivas, don Angel Saavedra, une des plus pures renommées de l’Espagne et une des gloires du parti.

La défaite des espartéristes a été complète. Aucun des hommes fortement compromis avec le régent n’a été élu, ni M. Gonzalès, ni M. Infante, ses deux ministres de prédilection, ni M. Calatrava, l’ancien président du conseil, l’homme qui a passé long-temps pour le chef des progressistes, ni Rodil, le dernier ministre de la guerre, ni enfin le fameux Mendizabal, qui fut nommé en 1836 par sept provinces, et qui n’a pas eu aujourd’hui une seule voix. Nous n’avons vu non plus figurer, parmi les candidats au sénat, ni M. Marliani, l’ardent défenseur du traité de commerce avec l’Angleterre, ni M. Gomez Becerra, l’ancien président du sénat, le dernier président du conseil d’Espartero, ni M. Arguelles, le divin, l’ex-tuteur de la reine Isabelle. Presque toutes les nominations d’opposition qui ont eu lieu portent sur des hommes nouveaux et peu connus. Le seul choix un peu marquant est celui du comte de Parsent, chambellan de l’infant don Francisco, qui a été nommé par la province de Saragosse. Encore, par une bizarrerie fort singulière, a-t-on nommé en même temps que lui deux modérés. L’infant lui-même n’a pas été porté pour la députation ; il n’a pas eu sans doute envie de continuer le triste rôle qu’il a joué dans les dernières cortès.

Les élections qui restent à connaître changeront probablement très-peu les proportions que nous venons d’indiquer. On peut calculer que, dans la chambre des députés, l’opposition comptera de trente à quarante voix ; les modérés de quatre-vingts à cent, les progressistes ralliés de cent à cent vingt. Avec une chambre ainsi composée, le rôle des anciens modérés est tout tracé. Comme ils