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REVUE DES DEUX MONDES.


Pour se distraire, si l’on bâille,
On aperçoit
D’abord une longue muraille,
Puis un long toit.

Ceux à qui ce séjour tranquille
Est inconnu
Ignorent l’effet d’une tuile
Sur un mur nu.

Je n’aurais jamais cru moi-même,
Sans l’avoir vu,
Ce que ce spectacle suprême
A d’imprévu.

Pourtant les rayons de l’automne
Jettent encor
Sur ce toit plat et monotone
Un réseau d’or.

Et ces cachots n’ont rien de triste,
Il s’en faut bien ;
Peintre ou poète, chaque artiste,
Y met du sien.

De dessins, de caricatures,
Ils sont couverts.
Çà et là quelques écritures
Semblent des vers.

Chacun tire une rêverie
De son bonnet ;
Celui-ci, la vierge Marie,
L’autre un sonnet.

Là, c’est Madeleine en peinture,
Pieds nus, qui lit ;
Vénus rit sous la couverture,
Au pied du lit.