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LIVERPOOL.

pestilentiels des populations, qui ont pour effet nécessaire la mort d’un enfant sur deux !

M. Duncan n’a pas de peine à établir que les classes pauvres, étant les plus mal logées et les plus agglomérées, sont aussi celles que le poison atmosphérique épargne le moins. Ainsi, dans les rues étroites qui avoisinent la bourse et Castle-Street, et où l’espace n’est que de 17 yards carrés par habitant, la fièvre en attaque 1 sur 32, tandis que dans le quartier de Rodney-Street, où chaque habitant jouit d’un espace de 57 yards carrés, la fièvre n’en frappe que 1 sur 237. Le district de la bourse (Exchange-Ward), considéré séparément, renferme une population de 11,860 habitans dont chacun n’a qu’un espace de 9 yards carrés, et qui est accumulée à raison de 657,963 habitans par mille géographique carré. C’est celui où les caves et les cours qui servent à loger les ouvriers sont le plus obscures et le plus humides, et où le sol est le plus mal disposé pour l’écoulement des eaux. Là aussi le nombre des habitans attaqués de la fièvre est de 1 sur 26. Enfin, pour résumer toutes ces différences, à population égale, il meurt 177 personnes à Liverpool dans les quartiers les plus surchargés, contre 100 personnes qui meurent dans les quartiers où les habitans sont plus clairsemés.

Le parlement a voté une loi (act) exécutoire depuis le 1er novembre 1832, et qui a pour objet d’améliorer à Liverpool les conditions de salubrité[1]. Cet acte, calqué sur celui que le parlement avait rendu en faveur de Londres, contient quelques dispositions utiles pour l’avenir, telles que la clause qui fixe le minimum de largeur des rues qui seraient construites à 21 pieds anglais, et celui des cours intérieures à 15 pieds ; mais il ne remédie d’aucune façon aux maux actuels, à moins que l’on n’attribue cette vertu à la clause qui interdit d’habiter les caves situées dans des cours, article qui est resté sans exécution.

La corporation municipale de Liverpool devrait faire ce qu’on fait à Paris, en prenant sur son immense revenu pour encourager l’ouverture de rues nouvelles et bien aérées sur l’emplacement des quartiers les plus encombrés, pour former de vastes squares, pour achever les égouts, et pour donner des primes aux entrepreneurs qui construiraient des logemens sains et commodes à l’usage des ouvriers. Ces précautions de l’autorité locale atténueraient le mal ; mais il faut, pour le détruire, une révolution dans les habitudes de la société.

  1. An act for the promotion of the health of the inhabitants of Liverpool.