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LIVERPOOL.

up), l’un pour les hommes, l’autre pour les femmes, dans lesquels on enferme jusqu’à l’heure de l’audience les personnes arrêtées perdant la nuit. Ces violons, comme on les appellerait en France, sont des bouges affreux qui ne reçoivent l’air et la lumière que par un étroit soupirail. On devrait du moins les convertir en cellules, afin qu’un honnête homme, que l’on a ramassé ivre dans la rue, ne fut plus exposé à passer la nuit côte à côte d’un malfaiteur.

Ce qui ajoute à l’excellence de cette organisation, c’est le scrupule que l’on apporte dans le choix des hommes. La police prend ses agens dans la classe des sous-officiers qui ont obtenu leur congé, ou parmi les ouvriers qui ont quelque instruction, et qui sont désignés par leurs bons antécédens. Comme on exige aussi la force physique et une taille élevée, il en résulte que les constables de la nouvelle police sont bien réellement la fleur de la population. Règle générale, un policeman sans armes vaut deux hommes ; trois cents policemen armés contiennent une ville soulevée. Je ne connais, quant à-moi, que la garde municipale de Paris, ce corps admirable entre tous les corps d’élite, que l’on puisse comparer aux constables de Londres, de Liverpool et de Glasgow.

La police, dans les villes de l’Angleterre, est une institution complète, qui a ses tribunaux ainsi que ses hommes d’action. Les tribunaux de police sont investis des pouvoirs les plus divers comme les plus étendus : le magistrat est à la fois juge de paix, juge d’instruction, juge de simple police, et arbitre de certains intérêts ou priviléges municipaux. Les lois lui allouent un traitement proportionné à l’importance de ses fonctions, et au temps qu’il est obligé d’y consacrer. C’est une exception toute récente aux usages de ce gouvernement aristocratique, dans lequel les fonctions du juge de paix sont gratuites et appartiennent, comme un droit seigneurial, aux grands propriétaires du sol. Par une autre exception non moins remarquable, le commissaire de police (police commissionner), qui enregistre les plaintes et qui expose les faits de chaque cause devant le tribunal, est un homme de loi, et donne des consultations gratuites. Enfin, la procédure est simple et le résultat prompt. Voilà des innovations dont le succès peut paraître extraordinaire, si l’on considère le parfait contentement d’esprit avec lequel la nation anglaise se laisse, depuis huit cents ans, mener par les juges et exploiter par les avocats. Liverpool n’a qu’un tribunal de police ; Manchester en a deux, et Londres neuf, sans compter ceux de la Cité.

Entrons dans le prétoire. Le tribunal de police à Liverpool est