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lance, la ville a été partagée en deux grandes divisions, la division du nord et celle du sud. Chaque division, placée sous les ordres d’un lieutenant, se partage elle-même en sections ; chaque section est commandée par un sergent et comprend plusieurs quartiers, en anglais beats, dont chacun est mis sous la garde d’un watchman. Le quartier assigné à un garde est comme un pâté de rues et de maisons, et doit avoir une étendue qui permette à l’agent d’en visiter tous les points dans une demi-heure en se promenant à pas lents. On lui remet, au moment où il commence cette faction de douze heures, une carte exacte de son district, en lui recommandant d’apprendre à connaître ceux qui l’habitent à leur figure et par leur nom. Le jour, il ne porte pas d’autre arme qu’un bâton court ; la nuit, on y ajoute une lanterne, une crécelle, une cape et une espèce de poignard (twitch). C’est à lui de surveiller les gens suspects, de s’assurer que les portes et les fenêtres ne restent pas ouvertes ; en cas de délit, de tumulte ou d’incendie, il doit donner l’alarme avant de se porter au secours. On le rend responsable, et l’on récompense moins ceux qui ont appréhendé quelque malfaiteur que ceux sur le territoire desquels aucun délit n’a été commis[1].

Les sergens, les lieutenans et le surintendant lui-même font des rondes de jour et de nuit pour s’assurer que les constables sont à leur poste, et que leur vigilance n’a pas été en défaut. Tout garde surpris en état d’ivresse, endormi, fumant ou en conversation avec une femme, est renvoyé sur l’heure. En même temps qu’on leur ordonne d’agir, en cas de nécessité, avec décision et avec énergie, on leur recommande de ne pas se mêler de toutes choses, de n’être pas tracassiers, de parler toujours avec politesse, et de rester maîtres d’eux-mêmes lors même qu’ils sont provoqués.

Un certain nombre d’hommes est tenu en réserve la nuit dans les grandes stations, le jour au bureau de la police et dans l’enceinte du tribunal, afin d’exécuter les ordres des magistrats, et de se porter partout où l’intérêt de la sécurité publique pourra les appeler. Liverpool a cinq grandes stations de police. Chacun de ces postes comprend un hangar où les constables se livrent aux évolutions militaires et sont passés en revue par leurs chefs ; un bureau où l’on enregistre les ordres du jour, où l’on tient note de la conduite des agens et des arrestations ; deux chambres de force ou cachots (locks-

  1. « The absence of crime will be considered the best proof of the efficiency of the police. » (Regulations and instructions.)