Page:Revue des Deux Mondes - 1843 - tome 4.djvu/1013

Cette page a été validée par deux contributeurs.
1007
LIVERPOOL.

ment de la Seine, peuplé de 1,200,000 habitans. Toutefois, suivant un calcul fait par l’habile gouverneur de la prison, M. Highton, les délinquans nés à Liverpool ne fourniraient à la somme des arrestations qu’un contingent de 37 pour 100. Il en résulte que si, dans l’échelle de la criminalité, les villes de commerce et de passage tiennent le premier rang, elles doivent être considérées plutôt comme le rendez-vous que comme le foyer de la corruption.

Le capitaine Miller a publié, dans une brochure intéressante[1], une comparaison entre les principales villes du royaume-uni, sous le rapport des désordres qui s’y commettent. Ce rapprochement prend pour point de départ l’année 1839, et le résultat présente 1 délinquant sur 24 1/4 habitans à Londres, 1 sur 7 à Dublin, 1 sur 16 à Liverpool, 1 sur 22 3/4 à Glasgow. La proportion était à Manchester, en 1840, de 1 sur 22 habitans, et de 1 sur 14 à Édimbourg en 1841. On voit que, par une exception qui n’appartient qu’à l’Angleterre, la métropole britannique, malgré l’effrayante accumulation qui s’y fait des crimes et des délits, n’est pas encore le théâtre où le mal se déploie avec le plus de puissance ni de liberté.

L’institution d’une police sévère n’a pas été sans influence sur la masse des délits. On sait déjà que les malfaiteurs anglais, depuis qu’ils trouvent les villes mieux défendues contre leurs déprédations, se rabattent sur les campagnes. Cette émigration paraît avoir été particulièrement sensible à Liverpool, qu’un millier de voleurs émérites ont quittée de leur propre mouvement. Depuis leur retraite, le nombre des vols a beaucoup diminué. En 1838, les rapports municipaux signalaient 482 vols avec violence ou avec effraction, 3,600 vols simples, 844 vols commis par des prostituées, et 2,480 gens sans aveu arrêtés au moment de commettre des vols. La réduction, sur ces quatre chapitres, a été en quatre années de 27 pour 100. L’action d’une force répressive ne saurait aller au-delà ; c’est par d’autres institutions et par d’autres influences qu’il faut pourvoir à la réforme des mœurs.

La police de Liverpool est organisée sur le même plan que celle de Londres, qui a servi de modèle à toutes les grandes villes du royaume-uni. En France, vous rencontrez jusque dans les moindres villages l’uniforme du gendarme qui représente l’ordre public. En Angleterre, la police rurale n’existe pas, à proprement parler ; le ministère whig a vainement tenté d’introduire cette machine répres-

  1. Papers relative to the state of crime in the city of Glasgow.