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positives. Ils sont peut-être vrais aujourd’hui ; ils peuvent ne plus l’être demain. Lorsqu’il faut, dans un mouvement, concilier des prétentions nombreuses et des intérêts très divers, tout est incertain, jusqu’à ce que le Moniteur ait, je ne dis pas imprimé, mais publié ses oracles.

On parle aujourd’hui d’un fait qui se serait passé à Jérusalem, et dont, s’il est vrai, notre gouvernement devra exiger une prompte et éclatante réparation. Le 27 juillet, notre consul, M. Lantivy, ayant, en commémoration de la révolution, arboré le drapeau tricolore, la populace musulmane aurait demandé avec menace qu’il fût retiré, et, sur le refus du consul, l’hôtel du consulat aurait été attaqué et des personnes blessées. Le fait nous paraît bien étrange et a besoin de confirmation ; mais si réellement il a eu lieu, il importe que les populations de l’Orient apprennent sans retard que le drapeau français n’est pas insulté impunément.

À l’intérieur, rien de nouveau. La tranquillité n’a jamais été plus profonde ni mieux assurée. Le gouvernement lui-même ne donne pas signe de vie. Les ministres jouissent des loisirs que la clôture de la session leur a faits. Il est juste cependant de faire ici une exception pour M. Villemain, qui ne se donne pas de relâche pour l’expédition des affaires de son département et l’amélioration des institutions universitaires.

Le nouveau règlement qu’il vient de publier pour les concours aux chaires des facultés de droit rendra, ce nous semble, ces épreuves solennelles plus rapides à la fois et plus décisives ; il y aura beaucoup de temps épargné pour les juges et pour les candidats, et le trésor fera de notables économies sur les frais des concours. Le règlement de M. Villemain doit plaire et à ceux qui approuvent l’institution des concours pour les chaires, et à ceux qui n’y voient qu’un moyen d’éloigner de l’enseignement public les hommes considérables et qui ont déjà acquis par leurs travaux une position scientifique. Les premiers doivent se féliciter d’un règlement qui, en simplifiant les concours, écarte quelques-uns des reproches qu’on faisait à l’institution ; les seconds pourront du moins, avant de porter un jugement définitif, voir les concours réduits à ce qu’ils ont de sérieux et de substantiel, et débarrassés de ces formes, de ces longueurs, de ces débats inégaux qui ont plus d’une fois enlevé toute dignité et presque toute gravité à ces épreuves. Ils pourront alors juger la question en pleine connaissance de cause. S’ils persistent à condamner la méthode des concours, on ne pourra plus du moins leur dire qu’ils la condamnent, non pour ce qu’elle est en soi, mais pour des abus qui ne sont pas inhérens à l’institution, et dont il était facile de la dégager.

La question des chemins de fer captive de plus en plus l’attention publique. C’est avec une sorte d’impatience que le pays attend les mesures propres à le doter sans retard de ce puissant moyen de civilisation et de richesse. Il faudra que M. Teste se présente aux chambres armé, pour ainsi dire, de toutes pièces. La question de principe, qui paraissait définitivement décidée par la loi de 1842, appelant à la fois le concours de l’état, des départemens et de l’indus-